La tentative marocaine de saboter le Festival mondial de la jeunesse et de l'étudiant est significative de la panique qui a cours dans le palais royal à la suite de son échec consommé sur le dossier du Sahara occidental. L'attitude, pour le moins infantile, du Maroc vis-à-vis de l'Algérie, ne date pas d'hier. Déjà du vivant du roi Hassan II, les «coups fourrés» du genre de celui qui a été commis mercredi dernier sont légion. Le Maroc s'est ingéré dans les affaires internes de l'Algérie, au lendemain de l'arrêt du processus électoral de décembre1991, en soutenant les islamistes de l'ex-FIS, avec en prime la petite phrase assassine du roi: «L'Algérie est un bon laboratoire pour expérimenter les effets de l'islamisme au Maghreb.» Le soutien marocain ne s'est pas arrêté là, puisqu'il a fait de son territoire une zone de repli aux terroristes du GIA. Le sinistre Layada a bel et bien séjourné et travaillé avec les services secrets marocains, avant d'être livré à l'Algérie. Le même Hassan II, pris en 1994 dans l'engrenage du conflit au Sahara occidental, saute sur l'occasion d'un attentat terroriste dans un hôtel à Marrakech, le 14 août de la même année, pour couper les ponts avec l'Algérie en imposant le visa d'entrée au territoire marocain aux ressortissants algériens et geler, quelques mois plus tard, l'activité de l'UMA. A cette époque «mouvementée» des relations entre les deux pays, il arrivait aux officiels du royaume de tenir des discours conciliants à l'adresse de notre pays, pour ensuite, changer complètement de ton et critiquer fortement l'Algérie sur sa position sur la question du Sahara occidental. Il va de soi que ces critiques sont assénées à des périodes où le règlement du problème sahraoui donnait des signes d'être sur la bonne voie. Deux mois avant sa mort, le roi avait changé de comportement vis-à-vis de l'Algérie et évoqué la possibilité de régler le contentieux entre les deux pays. Ce qui paraissait alors comme un début de réchauffement était assujetti à l'ouverture des frontières «sans condition» demandée tambour battant par le gouvernement Youssoufi. Cette exigence, formulée sur un ton autoritaire par le socialiste marocain, était suivie par un revirement de Hassan II qui, quelques jours avant son décès, a eu des propos peu amènes à l'endroit de l'Algérie qui accueillait le sommet de l'OUA, en juillet 1999. Après l'accession au trône de Mohamed VI, le gouvernement Youssoufi, qui siège à l'Internationale socialiste, continue de souffler le chaud et le froid en direction de l'Algérie. Mohamed VI ne semble pas, de son côté, déroger à la tradition du royaume en tenant un double langage. Cet état de fait devenait plus qu'évident lors d'une attaque terroriste à Beni Ounif, où les assaillants avaient pris la direction des frontières marocaines pour leur retraite. Cet incident remit les choses à la case départ entre les deux pays. Depuis, les relations n'avaient cessé d'évoluer en dents de scie, avec régulièrement leur remise en cause par la partie marocaine qui a fait montre d'une mauvaise volonté manifeste sur le dossier de la relance de l'UMA. Aussi, les ministres du gouvernement Youssoufi, n'ont-ils pas eu des comportements à la limite de l'enfantillage dans nombre d'occasions, à l'image de ce ministre de l'Intérieur, en visite en Algérie qui, contre toute attente, a piqué une colère rouge contre un journaliste algérien, lors d'une conférence de presse? Le cas du ministre des Affaires étrangères qui n'a pas daigné représenter son pays à la très importante réunion du comité permanent de l'UMA, dont l'objectif était de formaliser le redémarrage de l'Union maghrébine. Le dernier incident en date est celui créé, de toutes pièces, par les jeunes de la délégation marocaine, dans le but de discréditer l'Algérie qui, à travers la tenue de l'événement, a marqué un point face à un Maroc en butte à plusieurs scandales internes qui mettent en cause le gouvernement et ses services de renseignement en sus de graves manquements aux droits de l'homme les plus élémentaires. Cela dit, le subterfuge de Youssoufi, qui semble avoir beaucoup d'influence sur son roi, est significatif du niveau au ras des pâquerettes de la stratégie marocaine sur le plan régional.