Peu loquaces sur les résultats de la réconciliation, les autorités se sont suffi d'affirmer que le bilan est plutôt «positif». Le processus de la réconciliation nationale bouclera ce samedi sa deuxième année. Depuis son adoption par voie référendaire, le 29 septembre 2005, beaucoup d'encre a noirci les feuilles de papier et autant d'eau a coulé sous les ponts. Les autorités officielles, censées établir un bilan périodique, n'en soufflent mot. De ce côté-là, on se contente d'affirmer que le bilan est plutôt «positif», comme ne cesse de le clamer, à cor et à cri, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni. Le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui a déclaré, il y a de cela une année, qu'un bilan est en préparation, n'a depuis porté à la connaissance des citoyens aucun élément concernant ce dossier. Cette opacité n'a pas été sans laisser libre cours aux spéculations les plus folles. Ce qui rend la gestion de cet épineux dossier plus difficile que jamais. Cet état de fait est d'ailleurs reconnu par le chef de l'Exécutif qui, lors de l'une de ses sorties médiatiques, avait avoué que des problèmes relatifs à l'application sur le terrain de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, ont été rencontrés. Quelles sont ces entraves? A quoi sont-elles dues? Aucune réponse à même d'éclairer l'opinion publique n'a été fournie. En dépit des estimations, trop optimistes, du premier responsable de la Sécurité nationale, il n'en demeure pas moins que sur le terrain, les actes terroristes n'ont eu de cesse de se multiplier, comme en témoignent les derniers attentats. Cela explique le pourquoi de la poursuite de la lutte antiterroriste jusqu'à l'éradication compète de ce phénomène, devenu planétaire. D'autre part, le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini, affirme que 18.000 familles victimes de la tragédie nationale ont été indemnisées. Dans le même chapitre, le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, a révélé, lors de son audition, mardi dernier, par le chef de l'Etat, que son département a jusqu'à présent consacré une enveloppe budgétaire de plus de 15 milliards de dinars pour l'indemnisation des familles victimes de la tragédie nationale, et celles ayant un membre impliqué dans des actes terroristes et aux familles nécessiteuses. Rappelons que cette cagnotte a été octroyée au ministère de la Solidarité nationale, dans le cadre de la loi de finances complémentaire de l'année 2006. Abstraction faite de ces chiffres qui, dans la bouche de certains, reviennent comme un leitmotiv, les observateurs ne manquent pas de souligner la complaisance ayant émaillé la prise en charge du dossier de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. En prenant en charge le côté sécuritaire et le côté indemnisation des victimes de la tragédie nationale, les pouvoirs publics tendent à ignorer qu'on ne peut venir à bout du terrorisme, ni réussir à appliquer les lois contenues dans la Charte, sans une réelle prise en charge des problèmes cruciaux auxquels font face les citoyens. Il est vrai maintenant que d'aucuns estiment que le retour de la paix et de la sécurité reste un élément essentiel au développement économique. Cependant, cela ne peut se faire sans le règlement de la crise sociale qui assomme le peuple algérien. Le chômage, la précarité, la pauvreté sont autant d'éléments susceptibles d'alimenter les maquis tout en faisant obstacle au retour de la stabilité et de la paix dans le pays. C'est dire que la lutte contre le terrorisme demande un travail assidu en amont et en aval sur les causes du terrorisme, il ne s'agit pas seulement de prendre en charge ses effets, qui sont souvent destructeurs.