Hassan Hattab, Alias Abou Hamza, âgé aujourd'hui de 40 ans, s'est rendu la semaine dernière aux services de sécurité juste après la rupture du jeûne. Les Algériens devront décidément se contenter de cette information à l'état brut. Pour le moment, il est impossible que des précisions soient rendues publiques à propos des circonstances de sa reddition. Mis a part le lieu où il se serait rendu, aucun détail n'a été donné sur cette opération qui s'est selon toute vraisemblance déroulée dans la plus grande discrétion, malgré le fait qu'elle concernait le fondateur du Gspc. Natif de Bordj Ménaïel, un des fiefs du Gspc actuellement, Hassan Hattab fait partie d'une famille nombreuse dont plusieurs des fils ont rejoint le maquis. Depuis 2004 Hattab est considéré comme hors du coup «pour ne pas dire redditionaire». Sa récente prise de position ferme contre les attentats du 11 avril n'a pas eu de retombées sur le plan sécuritaire et médiatique. Son itinéraire au sein du Gspc a été truffé de nombreuses zones d'ombre. Plusieurs fois, il a été donné pour mort et cela pour des buts bien précis. Ses relations avec Mokhtar Benmokhtar n'ont jamais été élucidées. Bien des conflits ont eu lieu entre lui et Abderrezak El Para. Le dernier en date était relatif au partage de la ghanima. Selon des sources bien informées, El Para refusait de faire parvenir le butin (ghanima) à Hattab. Ce dernier décida alors de lui envoyer un messager accompagné de quatre autres émissaires. Ce messager a tenté de négocier avec El Para et c'est là que cet émir dévoile aux émissaires de Hattab que leur chef est sur le point de se rendre, donc l'homme ne représente plus rien au sein du Gspc. Abdelkader El Para ne s'est pas contenté de cela: Il a ordonné l'exécution des hommes de Hattab. Il s'agissait de Arab Aït Moussa 33 ans, Chemoura Belkacem 34 ans, Aït Sahnoun Tarek 36 ans et Sabounya Merzoug 37 ans. Mais quoi qu'il en soit, l'opinion publique ne connaîtra jamais rien de cet homme qui a défrayé la chronique pendant de nombreuses années. Premier coup-d'éclat: le chef de l'Etat l'a traité de «monsieur Hattab», -et ce n'était pas rien!- Au fond, peu importe la date à laquelle s'est rendu Hassan Hattab, l'essentiel c'est ce qui va suivre. Selon des sources chargées de la lutte antiterroristes, surtout au niveau des maquis, Hattab a été condamné par la justice à de lourdes peines. Il constitue le dernier chef de cette organisation terroriste à défendre l'algérianité intégrale du Gspc et son indépendance par rapport aux autres organisations internationales. Sa reddition coïncide avec les intentions déclarées des chefs d'Al Qaîda d'investir l'Algérie devenue subitement un immense enjeu sur le plan international. Il ne faut pas oublier que Hattab avait entouré de secret les négociations en vue de sa reddition, en même temps que celle de ses adjoints, Zerabib Lyès et Hassan Tewfik et dix autres de ses proches collaborateurs au mois de juin 2003. Il a commencé par prendre contact avec un ancien officier de l'ALN engagé dans la lutte antiterroriste et qui a servi par la suite d'intermédiaire. Au vu de tout cela, il y a de quoi être perplexe devant le communiqué où Hattab aurait menacé récemment de rejoindre le maquis. Mais au regard des relations conflictuelles entre lui et Droukdel, de nombreux analystes n'ont pas hésité à affirmer que Hattab voulait surtout avoir une réponse nette. Et les autorités militaires semblent avoir réagi positivement. La reddition de Hattab appellera-t-elle celle de Benmokhtar, entre autres, où forcera-t-elle Droukdel a se déclarer simple émir sous les ordres de Zawahiri, le numéro deux de la nébuleuse Al Qaîda?