Pour eux, la nouvelle politique des salaires va instaurer officiellement la classification sociale au sein de la Fonction publique. La nouvelle grille des salaires continue de soulever la grogne. Après les syndicats, le mouvement En Nahda revient à la charge. Le groupe parlementaire du parti islamiste a sévèrement critiqué la décision du gouvernement. Dans un communiqué parvenu hier à la rédaction, En Nahda interpelle le président de l'APN sur la question. Le parti a qualifié les récentes décisions de la bipartite (Ugta- gouvernement) de dangereuses. «La nouvelle grille des salaires menace la stabilité sociale au détriment des couches sociales les plus larges», a estimé le groupe dans son rapport. L'augmentation des salaires tant attendue par les travailleurs, selon lui, n'a pas eu lieu. Les espoirs se sont envolés avec les communiqués. Le groupe parlementaire donne un constat amer sur la gestion du gouvernement. Pour le mouvement En Nahda la situation sociale ne reflète pas l'aisance financière que connaît le pays. Selon lui, le gouvernement ne cesse de justifier l'augmentation des prix de produits de base par les bouleversements du marché international. «Dans ce cas, pourquoi le salaire n'est pas calculé sur la base du coût de la main-d'oeuvre sur le marché international?» s'interroge le groupe. Les salaires sont faibles au point que le travailleur n'ose même pas divulguer le sien devant ses confrères maghrébins. «La nouvelle grille des salaires va améliorer uniquement la situation des cadres supérieurs de l'Etat sans pour autant toucher la couche la plus démunie», précise le communiqué. Les représentants du parti d'En Nahda trouvent illogique que l'augmentation du salaire d'un cadre supérieur soit autour de trois millions de centimes, alors que celle d'un fonctionnaire ne dépasse pas les 3000DA. Ils considèrent que cette augmentation n'est que de la poudre aux yeux. Le groupe parlementaire prévient également quant aux conséquences de cette politique des salaires sur la société. «La nouvelle grille des salaires va instaurer officiellement la classification sociale au sein de la Fonction publique», estime le groupe. Pour lui, elle ne fait qu'élargir le fossé entre les couches sociales. En plus, elle réduit les droits des travailleurs aux indemnités et aux avantages sociaux tels que le logement, le transport...etc. Cette politique des salaires, souligne le communiqué, est loin de mettre les travailleurs à l'abri de la corruption. Avec des miettes, le fonctionnaire ne pourra pas résister aux tentatives de corruption. Le groupe constate que les concepteurs de la grille des salaires ont focalisé beaucoup plus sur les responsables de la gestion des ressources humaines au sein de l'administration. Cependant, ils ont complètement ignoré le côté technique, soit la catégorie des ingénieurs qui intervient dans le développement. Il a également relevé l'exclusion du secteur privé de cette politique. Le groupe parlementaire suggère au gouvernement de réduire ses dépenses de fonctionnement dans l'administration publique pour améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs. Comme il appelle à la révision de cette grille. Celle-ci devra faire l'objet d'un examen par une commission spéciale composée de députés pour identifier les carences. En collaboration avec des spécialistes, le groupe parlementaire prépare tout un dossier sur les salaires en comparaison avec la situation sociale.