Le mal -et la douleur qu'il génère- force l'humanité à le combattre, à oeuvrer pour le bien et à réfléchir au sens réel de cet élément négatif. El Haïla nous guide dans un éveil progressif, à travers une pièce théâtrale de prise de conscience et de liberté qui permet aux artistes et au public rassemblés de créer les meilleures conditions pour la promotion des valeurs humaines, de rapprochement et de dialogue entre les hommes. C'est dans ce contexte que Youcef Taâouinet, metteur en scène de l'Action théâtrale de Koléa, ne cesse de nous surprendre. Le revoilà qui récidive avec une pièce au cachet tragi-comique, qui expose le conflit humain personnifié à travers ses trois personnages: Ben Drissi Kamilia, dans le rôle de la Fabuleuse, Habouche Youcef, dans le rôle du poète, et Halimouche Mouhamed, dans le rôle du N'mer. El Haïla retrace le personnage de la femme dévouée, fidèle, abattue par le décès de son époux. Le poète s'essouffle derrière les ambitions matérielles, pour tenter d'amadouer le coeur de la Fabuleuse. N'mer reflète le personnage averti, conscient que sa convoitise, qui n'est autre que la Fabuleuse, est menacée par un poète ambitieux, ce qui engendre entre les deux, un affrontement par le langage axé sur la Fabuleuse. La pièce a été présentée hier soir au Théâtre national algérien. Le compositeur Khelil Djahid a été chargé de l'arrangement musical et de la composition des chansons. Qui ne connaît pas cet hymne à l'amour et à la paix? Qui n'a jamais entendu parler de cette poésie chantée, exaltée, narrée, contée et fredonnée mille et une fois? Dans cette pièce, les comédiens nous montrent l'énigmatique être humain et de quoi est-il capable, quand il est aveuglé par son ego. La curiosité humaine a conduit l'homme vers l'incroyable, le mal, et la douleur qu'il génère, force l'humanité à le combattre, à oeuvrer pour le bien et à réfléchir au sens réel de cet élément négatif. Ces deux valeurs peuvent être relatives aux situations et aux cultures. Les comédiens voulaient surtout briser l'image du peuple qui se laisse conduire à l'abattoir dans la résignation; ils voulaient montrer que les choses étaient organisées de telle manière que la résistance était pratiquement impossible, montrer parfaitement les mécanismes de l'isolation qui affecte les opprimés, avant la déportation et rendent celle-ci possible. L'élaboration de ces mécanismes est le propre de l'Etat totalitaire. Les groupes sociaux destinés à la liquidation dans le système totalitaire ont été également l'objet d'un ostracisme social par le biais d'une propagande omniprésente et d'un dépouillement progressif.