Une quarantaine de témoins sont appelés à venir déposer au fil de ce procès qui durera tout le mois d'octobre. Il risque la réclusion à perpétuité. Rachid Ramda, alias Abou Farès, dont le procès s'est poursuivi hier à la cour d'assises de Paris, paraissait confiant tout au long de l'audience. Plaidant non coupable, Ramda lance: «Si l'on infligeait un tel sort à mon père -allusion aux attentats de Paris- je pense que ma réaction serait un peu extrême: je demanderais la peine de mort pour les gens qui ont fait ça». Et de poursuivre: «Je soutiens moralement et spirituellement les familles des victimes comme je l'ai toujours fait». Ce qui n'a d'ailleurs pas manqué de susciter l'indignation des parties civiles qui, dans une réplique, avaient rejeté le «soutien» de l'accusé. «Nous n'en voulons pas!» clament-ils. Etre face aux familles de victimes des attentats n'est pas chose évidente, même si le prévenu clame ne pas être impliqué dans les attentats de Paris. Le «financier» des attentats de 1995 s'estime même être «diabolisé» dans ce procès, le deuxième, puisqu'il a été déjà condamné à 10 ans de réclusion criminelle en 2006. Une quarantaine de témoins sont appelés à venir déposer au fil de ce procès qui dure tout le mois d'octobre. Officiers de la DST et de la police judiciaire antiterroriste vont défiler pour décortiquer les enquêtes. Les parties civiles avaient même demandé la présence de Jean-Louis Debré, ex-ministre de l'Intérieur, et l'ancien ministre de la Justice, Jacques Toubon. Par ailleurs, pour reconstituer le puzzle, les «exécutants» des attentats de 1995, Boualem Bensaïd, coordinateur desdits attentats, et Smaïn Aït Ali Belkacem, l'artificier, tous deux jugés en 2002 et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, seront présentés à la barre pour apporter leur version des faits, à propos des liens qui les unissaient à Rachid Ramda. Ils s'expliqueront sur la nature des appels téléphoniques réguliers qui les liaient avec Ramda quelques mois avant les attentats de 1995. A l'ouverture du procès, les deux greffiers ont passé cinq heures à lire les trois arrêts de renvoi de Rachid Ramda pour complicité dans les attentats du RER B à la station Saint-Michel le 25 juillet 1995, au métro Maison-Blanche le 6 octobre, et dans le RER C à la station Musée-d'Orsay le 17 octobre. Ces actes d'accusation mettent en exergue son rôle de «propagandiste» du GIA et de «financier» des attentats en France. Rachid Ramda aurait versé 5000 livres sterling (38.000 francs) à Bensaïd le 21 juillet 1995, soit quatre jours avant Saint-Michel (8 morts), afin qu'il achète l'explosif, la perceuse (456 francs) qui a servi à ouvrir la bonbonne de gaz, les billets de train et les nuits d'hôtel à ses comparses mais aussi les «friandises», les clous et les écrous utilisés comme mitraille dans les bombes. Ses avocats ont avancé un argument de droit. D'après eux, la cour se base sur «les mêmes faits matériels, à savoir transfert de fonds, transmissions d'instructions du GIA aux auteurs des attentats et suivis de la préparation de ces actes» que ceux ayant fondé sa culpabilité en mars 2006 pour le délit «d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» et qui lui a valu dix ans de prison. «Or, on ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits», a conclu Me Serre, qui a donc demandé à la cour d'annuler les poursuites et «d'ordonner la remise en liberté de Rachid Ramda». Le dernier mot reviendra au juge, lequel aura, au bout d'une longue bataille judiciaire, la lourde tâche de rendre justice.