Un débat unique au monde sur l'agora algérienne où les ex-terroristes croiseront, à défaut de sabre, l'argument avec leurs victimes. Les victimes du terrorisme s'apprêtent résolument à participer au prochain scrutin non seulement pour siéger dans la prochaine Assemblée nationale et défendre le projet de société de ceux qui ont été assassinés par les terroristes, mais aussi faire barrage aux repentis qui convoitent leur part d'hémicycle. Approchée hier, la présidente de la Fédération internationale des victimes du terrorisme, Mme Benhabylès s'est dit d'emblée ne pas comprendre «comment des partis politiques, qui prétendent combattre le terrorisme, ouvrent la porte aux ex-terroristes pour qu'ils soient candidats à l'élection» Et de lâcher: «Personnellement je m'oppose à ce que ces anciens terroristes participent au scrutin...c'est de l'audace outrancière.» En revanche, dira-t-elle, «il est hors de question de laisser la place vide». Pour notre interlocutrice, les républicains et les démocrates se doivent de participer massivement aux élections à la fois comme électeurs et candidats. Justement Mme Benhabylès est candidate dans les listes du RND à Ouargla. De son côté, Mme Flici, qui sera une des candidates du parti d'Ahmed Ouyahia à Alger, fait savoir que «les victimes du terrorisme se présenteront individuellement sur les listes des partis qui défendent leur cause», tout en précisant que l'organisation qu'elle préside n'a pas de couleur politique. Mme Flici a affirmé que «les partis politiques doivent se serrer les coudes pour faire barrage à ces gens qu'on désigne comme repentis, mais qui n'ont jamais demandé pardon aux Algériens et singulièrement aux victimes». La présidente de l'ONVT a laissé entendre qu'un travail de terrain est en train de se faire dans ce sens. Notre action, dira-t-elle, sera connue tout prochainement. Mais, on l'aura compris, les victimes du terrorisme auront des centaines de candidats qui se présenteront exactement là où des repentis prêcheront leurs desseins. En filigrane, il faut s'attendre à un débat unique au monde sur l'agora algérienne où les ex-terroristes croiseront, à défaut du sabre, l'argument avec leurs victimes. C'est ainsi que les préparatifs battent leur plein à travers le territoire national. Les candidats des victimes du terrorisme se présenteront particulièrement dans des zones réputées sensibles comme le triangle de la mort, Jijel et, bien entendu, la capitale. La participation aux élections des victimes directes de la guerre menée depuis 10 ans par les GIA se fera essentiellement sous deux formes. D'abord, comme candidats sur les listes des partis politiques hostiles aux intégristes et aux repentis. Dans ce cas, et en l'absence des partis dits démocratiques, ce seront notamment les listes du RND et du FLN qui accueilleront ces candidats. Dans ce contexte, M.Ouyahia a été suffisamment clair sur ce sujet: sensibiliser les victimes du terrorisme et barrer la route aux candidats-repentis. Le porte-parole de ce parti a déclaré récemment que «le RND s'attellera à démolir toutes les listes où il subodorera la présence de repentis. Forts de nos principes et des résolutions de nos instances, nous ferons de la lutte contre le terrorisme un des atouts de notre campagne électorale». Presque le même son de cloche du côté du FLN. En effet au sein du parti de Benflis, l'Organisation nationale des victimes du terrorisme et ayants droit s'est déjà mobilisée. La présidente de cette organisation, Mme Tounsi, fait partie des listes du FLN pour le prochain scrutin. Plusieurs rencontres régionales ont été tenues en prélude au congrès national de cette organisation, mais également pour mobiliser les candidats des victimes du terrorisme dans les rangs du FLN.