La tension sur le sable a retardé plusieurs chantiers de construction, selon M.Abdelmalek Sellal. Le gouvernement n'a pas mille choix. Il n'en a même pas deux. Il est contraint d'autoriser l'exploitation du sable des oueds et de la mer pour sauver les chantiers du bâtiment et des travaux publics. Les députés ont été mis hier devant le fait accompli par le ministre des Ressources en eau, M.Abdelmalek Sellal. Ce dernier a présenté un projet de loi modifiant la loi n°05 d'août 2005 relative à l'eau, qui prolonge l'activité de l'exploitation du sable de la mer et des oueds, qui devait prendre fin cette année, à 2009. «Voter contre cette loi pénalisera inéluctablement le programme de relance économique», a-t-il affirmé. Le délai de deux ans accordé en 2005 aux investisseurs dans les sablières de se convertir dans les carrières n'a pas donné l'effet escompté. Les choses sont au même stade. Pis encore, la tension sur le sable a provoqué des retards dans plusieurs chantiers de construction au moment où l'Algérie a engagé des dizaines de milliards de dollars pour son développement. Sellal cite, dans sa lancée, notamment les projets d'un million de logements, le métro, les barrages, l'autoroute Est-Ouest. Au député qui ignore certains détails techniques, il rappelle que «cette catégorie de sable est indispensable à la construction». Le déficit enregistré en la matière est grand. Il est estimé à 29 millions de tonnes annuellement. Le gouvernement a décidé à recourir à cette nouvelle mesure, en étant paradoxalement conscient de ses effets négatifs. Sellal a voulu être franc, hier, en reconnaissant que l'extraction en grandes quantités du sable des oueds, rivières ou de la mer, «provoque des atteintes graves à l'environnement et notamment les eaux souterraines et les nappes phréatiques». Une précision retenue par les députés qui sont intervenus dans le débat. L'opposition représentée par le PT et le RCD a demandé le retrait de cette loi. Taâzibt Ramdane, député du Parti des travailleurs, a stigmatisé le recours systématique du gouvernement aux solutions faciles. «Il faut arrêter immédiatement l'extraction anarchique du sable des oueds et de la mer. La problématique dépasse le ministère des Ressources en eau et doit mobiliser tout le gouvernement» précise-t-il. Le député Achouri a été plus virulent, en estimant que cette prorogation bénéficiera à la mafia du sable «dont le lien avec les réseaux terroristes est incontestable». Après la pomme de terre, le gouvernement recourt au «bricolage» pour faire face à la crise du sable, souligne Mme Hadj Arab Leïla, du RCD. Cette dernière souligne la contradiction dans le discours du gouvernement. «Comment peut-on défendre l'extraction du sable, tout en étant conscient de ses effets néfastes sur la nature?» M.Hadj Arab doute que cette mesure soit destinée à «protéger la mafia du sable». «L'on ne peut espérer un développement quelconque dans un environnement fragile.» Boutouiga Benhalima du RND a, quant à lui, proposé d'arrêter une liste qui fixe les wilayas concernées par la prorogation du délai d'extraction du sable pour lever les équivoques. Une suggestion qui sera «prise en charge», selon Sellal. Le ministre a, par ailleurs, réfuté les accusations de l'opposition, affirmant que son gouvernement n'a pas peur de la mafia du sable, ni n'a l'intention de la protéger. Par ailleurs, le rapport préliminaire établi par la commission de l'habitat est venu en contradiction avec l'esprit du débat qui a régné à l'hémicycle. Le document lu par le rapporteur de la commission de l'habitat appuie la démarche du gouvernement. Le deuxième texte présenté, hier, au débat à l'APN a trait au projet de loi complétant la loi n°83-11 du 02 juillet 1983 relative aux assurances sociales. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a, d'emblée, précisé que ce projet de loi s'inscrivait dans le cadre du programme de modernisation du secteur de la sécurité sociale initié depuis trois ans par le ministère et visait l'optimisation de la gestion, la rationalisation des dépenses de sécurité sociale et l'amélioration des relations avec les assurés sociaux. Le texte prévoit principalement l'introduction de la carte électronique dénommée Chifa au sein du système de la sécurité sociale «à l'effet de simplifier les formalités de prise en charge des assurés sociaux». Ce nouveau système permet l'introduction et la généralisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication au sein du secteur de sécurité sociale et auprès des usagers. La carte Chifa, selon le membre de l'Exécutif, sera généralisée à l'ensemble du territoire national dans trois ans. Dans un autre chapitre, le ministre a affirmé que la commission chargée de réviser la nomenclature ayant trait au remboursement des prestations médicales s'est réunie hier jusqu'à une heure tardive. «Nous sommes sur le point d'arriver à un consensus qui arrange les Caisses de sécurité sociale, les établissements sanitaires publics et ceux du privé».