Des déclarations qui resteront, encore une fois impunies. L'ex-tortionnaire de l'armée coloniale, Marcel Bigeard emboîte le pas à Paul Aussaresses. Dans une interview accordée au journal suisse La Liberté, il lâche le «morceau». Il n'était pas, bien entendu, sous l'effet de la torture, mais bel et bien conscient du sens de ses mots. Des mots destinés à narguer et à remuer le couteau dans la plaie de ses victimes. D'autant plus que les déclarations coïncident avec la commémoration du 46e anniversaire des événements sanglants du 17 Octobre 1961 en France. Un aveu supplémentaire qui tranche avec la farfelue version officielle de la France coloniale qui veut que Ben M'hidi se soit «suicidé». Marcel Bigeard apparaîtra sous les habits d'un saint, soutenant même que le héros Ben M'hidi était devenu son «ami» (sic). «Après l'avoir arrêté et interrogé durant huit jours, on lui a présenté les armes quand il a quitté mon poste de commandement. J'en avais fait un ami. Mes prisonniers étaient vivants quand ils quittaient mon quartier général. Et j'ai toujours trouvé dégueulasse de les tuer. Mais c'était la guerre et on devait trouver les bombes qui tuaient des civils», affirme Bigeard. Un autre crime contre l'humanité jusque-là resté impuni. Un aveu honteux de celui qui sévissait sous les ordres du général Massu. Que pense-t-il du général Aussaresses? «Aussaresses était un gars sans scrupules. Il était payé pour cela. Il aurait dû se taire». En somme, Marcel Bigeard continue de narguer tout un peuple qui a subi ses exactions. «Non, je ne regrette rien, nous avons fait face à une situation impossible», s'est-il justifié. Comme quoi, tous les moyens semblent bons aux yeux de cet ancien tortionnaire de l'armée française qui refuse de libérer sa conscience de ses crimes contre l'humanité.