Le syndicat a ainsi son mot à dire sur la marche de l'entreprise et tout ce qui concerne les relations travailleurs-direction générale d'Arcelor-Mittal. Arcelor-Mittal Annaba qui vient de sortir d'un conflit qui aurait pu avoir de graves conséquences sur l'économie de toute la région, compte néanmoins respecter le business plan fixé pour l'année 2007 en produisant les 1.300.000 tonnes d'acier prévues. Le nouvel organigramme sera mis en oeuvre dès l'installation du nouveau président-directeur général, Bernard Bousquet, prévue la semaine prochaine. M.Bousquet, un homme d'expérience, est attendu avec appréhension à El Hadjar où le complexe sidérurgique aborde une nouvelle étape tant par la fusion entre les deux géants indiens Mittal Steel et l'européen, Arcelor, que de l'arrivée d'un nouveau patron à la tête du complexe sidérurgique annabi. Au sortir de la crise marquée au printemps dernier par la velléité de compression déguisée du personnel, le syndicat du complexe Mittal-Arcelor en est sorti renforcé. Le syndicat a ainsi son mot à dire sur la marche de l'entreprise et tout ce qui concerne les relations travailleurs-direction générale d'Arcelor-Mittal. Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat Arcelor-Mittal, revient sur le conflit qui avait secoué le complexe, sur les mesures prises et les perspectives d'avenir. L'Expression: La réaction du syndicat face à la décision de la direction de mettre 1200 travailleurs à la retraite a été instantanée. Pourtant, après l'accord conclu, 1400 travailleurs se sont inscrits volontairement pour partir. N'est-ce pas là une compression déguisée? Smaïl Kouadria: Au début oui, puisque l'employeur n'avait pas consulté le partenaire social pour ces départs. De fait, il y avait déjà un conflit qui couvait concernant la non-application d'un protocole d'accord antérieur (datant de 2003) et donc cette décision unilatérale était, en quelque sorte, la goutte qui avait fait déborder le vase. Le syndicat s'était opposé à la décision de la direction générale, posant ses conditions pour que les intérêts des travailleurs soient pris en compte. L'accord finalisé et accepté par les deux partenaires et les mesures adoptées à cette occasion, verront leur application se faire à partir du mois de janvier. Quelles sont donc ces mesures? Les candidats au départ volontaire devront avoir travaillé entre 27 et 32 ans, ils bénéficient d'une prime de 60 millions de centimes, d'une augmentation de salaire de l'ordre de 40% sur les 5 dernières années en plus d'une indemnisation de départ équivalente à 11 mois de salaire. Nous insistons ici sur le fait que les 1400 travailleurs qui se sont inscrits, sont tous volontaires, d'ailleurs, il y en a qui remplissent les conditions et qui ne sont pas partis. Ces travailleurs seront-ils remplacés? Dans le cas contraire, peut-on estimer que c'est là, la compression des effectifs comme cela a été supposé? Le premier objectif du syndicat est la préservation des postes d'emploi et nous déclarons donc qu'au début de l'année 2008, une première vague de 300 ingénieurs et techniciens sera recrutée dans le cadre du préemploi et nous pensons qu'elle sera maintenue et titularisée après sa mise à l'épreuve. Suivra ensuite le transfert de la relation de travail de la main-d'oeuvre en sous-traitance et qui est déjà sur le process. Nous comptons aussi sur un autre recrutement qui se fera dès la mise en place de la nouvelle configuration de (l'organisation du travail) l'organigramme qui sera soumis au syndicat. Nous pouvons, d'ores et déjà, dire qu'il y aura de grands plans d'investissement pour rénover les installations par l'introduction d'automates programmateurs et de nouveaux systèmes d'automatismes. Ceci amènera certainement l'employeur à faire appel à un personnel jeune, qualifié et justifiant d'un niveau d'instruction élevé. Ce sera à l'avantage de l'employeur puisque les charges sociales seront réduites (nouvelles jeunes recrues, donc pas d'indemnités d'expérience professionnelle, pas d'allocations familiales etc.) Nous appliquons la stratégie gagnant-gagnant, l'employeur gagne et le travailleur gagne et puis il n' y a plus de place pour la langue de bois; avec la mondialisation, nous devons nous adapter ou disparaître, un complexe comme celui de Annaba qui a une capacité théorique de production de 2 millions de tonnes devra réellement les réaliser et ce en développant un programme d'investissement, en améliorant les conditions de travail et en recrutant une main-d'oeuvre qualifiée. Du minerai de fer est importé de l'étranger comme en témoigne l'arrivage de bateaux au port de Annaba. Ouenza ne suffit-elle plus et à quoi servira ce surplus de stock? Il est vrai qu'Arcelor-Mittal fait appel à ses usines implantées un peu partout à travers le monde, mais ce n'est pas pour le minerai brut, on ramène de la pellette. C'est du minerai traité qui va directement à la fusion. Toutefois, il est utile de signaler que le transporteur, en l'occurrence la Sntf, n'est pas en mesure de respecter ses obligations contractuelles et conventionnelles en livrant les 5500 tonnes/jour nécessaires pour alimenter les deux hauts fourneaux en activité et cela en plus du fait que le matériel utilisé est vétuste et ne répond plus aux normes. L'encombrement des voies et le déchargement manuel fait perdre beaucoup de temps. Les camions de gros tonnage ont été appelés pour combler le déficit. Quelles sont, selon vous, les perspectives d'avenir pour le complexe de Annaba et pour ses 8200 travailleurs? Il faudra, avant tout, s'adapter à la conjoncture actuelle, il faut nous intégrer dans la dynamique induite par la mondialisation en poussant l'employeur à investir plus pour produire plus. Vous savez qu'aujourd'hui, nous ne couvrons que 30% de la demande nationale en rond à béton, une demande de l'ordre de 2 millions de tonnes/an avec tous les chantiers lancés ou en passe de l'être à travers le territoire national. Nous savons qu'une usine avec un laminoir rond à béton va être construite par Arcelor-Mittal à Bellara (Jijel) en plus du fait que Mittal Steel est très intéressé par l'exploitation du gisement minier de Ghara Djebilet. Pour nous, ce sont des emplois qui vont être créés et c'est ce qui nous intéresse en premier lieu.