L'option du boycott ne fait pas consensus au sein du parti. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) menace de se retirer des élections locales. Son bureau national se réunira demain pour débattre la question. «L'option du boycott est très sérieuse. Nous n'hésiterons pas à la prendre si l'administration persiste dans ses abus», affirme à L'Expression son président du groupe parlementaire, Ahmed Issaâd. Le MSP accuse l'administration de balayer le terrain au profit d'un seul parti, le FLN, sans le nommer, qui, selon le même intervenant, «connaît une série de déboires». Des têtes de listes du MSP sont rejetées «sous le fallacieux prétexte qu'ils appartenaient au FIS dissous». «Ces derniers sont exclus de la scène politique en vertu des dispositions de la réconciliation nationale. C'est l'argument avancé par l'administration», ajoute notre interlocuteur. Paradoxalement, parmi ces personnes, l'on trouve «des élus qui ont eu à diriger des collectivités locales durant cinq ans, ayant été élus en 2002 sur les listes du MSP». La décision de l'administration «est irrévocable», sachant que le rejet est arboré au nom de la «sécurité du pays» selon les échos parvenus hier matin à la direction du parti des différentes wilayas. Seule la justice est dans ce cas «habilitée à arranger les choses». Mais sur ce plan, le MSP n'attend pas «un miracle». «Nous avons déjà fait l'expérience à l'occasion de plusieurs échéances. La justice conforte les décisions de l'administration dans la majorité des cas.» Dans ce cas la seule issue qui reste au MSP consiste à saisir le premier responsable de l'administration, Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités Locales. Une démarche qui n'a pas été officiellement entreprise par ce parti. La raison? Issaâd estime qu'«il est encore tôt. Nous préférons suivre l'évolution de la situation avant de saisir officiellement le ministère de l'Intérieur». Qu'est-ce qui empêcherait le MSP de saisir le département de l'intérieur alors qu'il a, sans hésiter, fait un pas plus «grave» en annonçant son probable retrait de la course électorale du 29 novembre? Cela nous mène à poser une autre question? Le MSP ira-t-il au bout de sa menace. Très peu probable, les raisons sont multiples. Premièrement. L'option du boycott ne fait pas consensus au sein du parti. Contacté par nos soins, M.Semari, cadre du parti, a reconnu avoir eu écho de cette information à travers la presse. «Le MSP est un parti démocratique. Ses militants sont libres d'exprimer, sans aucune contrainte, leur avis sur les différentes questions qui animent la scène nationale.» L'option du boycott reflète «des positions personnelles qui ne sauraient engager la responsabilité du parti». Le MSP n'en est pas à ses premières menaces. Ce parti islamiste est devenu maître dans la «surenchère politique» qui, faut-il le rappeler, a fini par payer dans certains cas. A la veille des législatives 2007 et dans la perspective de s'attirer la sympathie des islamistes, le groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a déposé un projet de loi «interdisant la production et la consommation de vin ainsi que sa commercialisation, son importation et son exportation». Une année auparavant, ce même groupe a bloqué au niveau de la commission des finances la même proposition. C'est bien aussi ce parti qui menace de se retirer de l'Alliance stratégique sans pour autant concrétiser cette «promesse» ni celle, d'ailleurs ayant trait à son retrait du gouvernement. Les dernières pressions remontent au début de l'année. Le MSP dans une tentative de se placer sur la scène politique, a déclaré la guerre contre la corruption qui a gangrené les institutions de l'Etat. Une halte qui lui a valu une mise en garde publique du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lequel a demandé à son allié de choisir son camp. Le MSP ne semble pas saisir le message.