Le gouverneur de la Banque d'Algérie s'est opposé à la proposition de rendre payante l'assistance technique du FMI. Les pays en développement, comme l'Algérie, sont très soucieux face aux tentatives de réformes des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale). Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, est intervenu samedi, devant le Comite monétaire et financier international (Cmfi) du FMI, pour formuler certaines réserves exprimées par les pays en développement face à cette situation. Pour lui, il est essentiel que le train de réformes résulte en une redistribution substantielle des parts de vote en faveur des pays en développement. Il a plaidé également pour un traitement équitable de ces pays et le renforcement de leurs économies. Rejetant le caractère arbitraire de certaines propositions, parce que lésant les intérêts des pays en développement, il a clairement mis à l'index le fait que la structure de gouvernance actuelle du FMI est non viable. M.Laksaci a sévèrement critiqué certaines mesures en cours de discussions au sein des organes du FMI mais aussi de la Banque mondiale. Il s'est catégoriquement opposé à la proposition de rendre payante l'assistance technique du FMI ou à la manière dont sont déterminées les quotes-parts ou opérées les réductions du budget de fonctionnement du Fonds. Intervenant au nom du groupe formé par l'Afghanistan, le Ghana, l'Iran, le Maroc, le Pakistan, la Tunisie et l'Algérie, M.Laksaci a appelé «toutes les parties à saisir cette opportunité unique pour restaurer de manière décisive la légitimité, la crédibilité et la relevance du FMI». M.Laksasi a formulé les mêmes réserves pour nombre de propositions avancées jusque-là pour adapter le FMI au nouveau contexte international marqué par la mondialisation. Il s'agit des quotes-parts de participation financière de chaque pays au budget du FMI, de la mise en place de nouveaux instruments de liquidité ou nouveau modèle de revenus et l'élargissement du droit de vote de base. Les pays en développement s'inquiètent aussi de la rationalisation des dépenses de l'institution, de l'assistance qui devrait être rendue payante, la surveillance des marchés, le traitement des crises et des récentes turbulences financières nées principalement sur le marché américain. «Les récentes consultations multilatérales représentent un pas en avant important à saluer, à condition que les intentions politiques, telles que déclarées, soient fermement mises en oeuvre» a plaidé le gouverneur de la Banque centrale d'Algérie. En fait, beaucoup de personnes, notamment des hommes d'affaires, voient dans le FMI un «prédateur» incapable de faire face à ses responsabilités, handicapé qu'il est par un modèle de développement obsolète. Le Fonds a prescrit ces mesures en secret et sans consultation avec ses partenaires, notamment ceux de l'hémisphère Sud qui réclament un partage plus équitable, et imputent simultanément la crise à l'absence de «transparence» dans la gouvernance et l'économie de certains pays en développement. Pour le cas de l'Algérie, beaucoup d'analystes ou de politiques, à l'instar de la secrétaire générale du PT, Mme Hanoune, croient que les mesures imposées par le FMI ont transformé la crise financière qui sévissait dans le pays en une catastrophe économique et sociale. Afin de réduire l'éventualité de survenance de crises, M.Laksaci propose que les efforts doivent être accélérés pour mettre en place le nouvel instrument de liquidité -ligne d'accumulation de réserves- en faveur des pays ayant accès aux marchés financiers. «Pour être attractif, le nouvel instrument doit permettre l'accès à un niveau élevé de ressources du FMI, à des coûts réduits et avec des niveaux importants de décaissements initiaux», a relevé le gouverneur de la Banque d'Algérie.