S'exprimant sur l'affaire de son parti, Djaballah dit qu'il n'y a pas de retour en arrière. Le patron du mouvement El Islah, Abdallah Djaballah, promet d'appeler au boycott des élections locales du 29 novembre prochain affirmant ainsi qu'il ne va pas garder les bras croisés. «Nous allons tenter par tous les moyens de convaincre les citoyens de ne pas voter», a déclaré Abdallah Djaballah, jeudi dernier, lors de la réunion d'ouverture du conseil consultatif. Avec ce ton ferme, Djaballah semble déterminé à jouer sa carte durant ce rendez-vous politique. «On va actionner le boycott», a-t-il réitéré devant un groupe de fidèles. Le conseil consultatif qui s'est tenu le même jour avait pour but justement de prendre des décisions dans ce sens. «Au terme de ce conseil, nous allons dégager les actions à entreprendre pour faire barrage aux élections», a affirmé Djaballah dont le visage présentait des signes de fatigue. Le cheikh prévoit un taux d'abstention plus important ou similaire à celui du 17 mai dernier. Il pense que les citoyens vont encore tourner le dos jusqu'à ce que le gouvernement réponde à son message. En effet, des lectures se font, d'ores et déjà, sur le résultat des élections municipales et de wilaya. Alors que certaines annoncent une faible participation, d'autres estiment le contraire. La participation au vote sera plus importante puisque, selon elles, il s'agit cette fois-ci de la gestion des communes qui a plus d'impact sur la vie quotidienne du citoyen. Parlant de l'impact des élections locales, l'interlocuteur ne s'attend pas à un miracle. «Ces élections ne changent rien mais elles assurent juste la continuité du système», a-t-il poursuivi. Pour éviter toute confusion avec l'aile des redresseurs, Djaballah se désengage de toute candidature présentée au nom d'El Islah. Dans son intervention, Djaballah n'a pas omis de faire le point sur la situation politique. Il a relevé à travers un constat critique la déchirure entre le pouvoir et la population, les phénomènes harragas et kamikazes lesquels sont une preuve concrète de la mal-vie et du désarroi qui rongent la population. Selon Djaballah, cette situation prouve l'incapacité du pouvoir à assumer ses responsabilités. «Comment un système politique entier n'a pas pu résoudre un petit problème comme celui de la pomme de terre?», s'est-il interrogé avec ironie. Alors qu'il a tenté de résoudre le problème, le gouvernement, dit-il, n'a fait qu'empirer la situation. Djaballah s'est même attaqué à la classe politique et plus précisément à la chambre basse. «S'il y avait une véritable classe politique qui se préoccupe du développement du pays on ne serait pas dans cette situation», a-t-il précisé. Avant de renchérir: «La classe politique existe juste pour applaudir et adopter l'action du gouvernement.» S'exprimant sur l'affaire de son parti, Djaballah dit qu'il n'y a pas de retour en arrière. Son aile ne va pas se taire, quelle que soit la décision de la justice. «Nous allons continuer notre mouvement et notre combat d'une manière légale ou illégale», a déclaré le cheikh Abdallah Djaballah. Le parti d'El Islah qui incarne le changement, reste, affirme-t-il, présent sur la scène politique nationale. Malgré la crise qui a frappé son parti, Djaballah ne perd pas espoir. La reconnaissance de l'aile des redresseurs par la justice et le ministère de l'Intérieur n'explique rien pour lui. Bien que l'aile dissidente a obtenu gain de cause, le Cheikh reste confiant en la justesse de sa cause. L'affaire en question a été traduite depuis juillet 2006 devant le Conseil d'Etat. Plus d'une année après, l'affaire reste toujours en instance. «Le Conseil d'Etat n'a même pas ouvert le dossier», a révélé Djaballah. En effet, après avoir interdit au mouvement de participer aux élections législatives, le ministre de l'Intérieur a fini par valider le congrès des redresseurs, discréditant Djaballah et permettant à l'aile, chapeautée par Mohamed Boulahia, de prendre part à la course électorale.