Le Salon du livre connaît une affluence remarquable. Vendredi après-midi, deuxième jour du Salon international du livre. Bien qu'on se bouscule au portillon, l'on remarque que l'ambiance plus ou moins nonchalante se situe du côté de certains stands. Au niveau de l'annexe B1 du pavillon central, cette image peu reluisante qui n'est pas digne d'un salon d'une telle envergure est à déplorer. Des bâches ont été surélevées et les prix des livres religieux sont affichés comme dans un marché. Il n'y a pas à dire, ces gens-là sont de vrais marketers, ironisent certains, qui, à vrai dire, ne croient pas si bien dire. En effet, les stands religieux, où règne une cohue indescriptible, sont les seuls où on arrive facilement à connaître le produit vendu et son prix, sans trop se casser la tête et se poser de questions, contrairement aux autres stands. Une réalité amère qui a l'air cependant de porter ses fruits. Comment se fait-il que des cartons de livres jonchent le sol alors qu'on continue à écouler sa marchandise? Une question nous vient à l'esprit: un titre ne devait-il pas être exposé en une cinquantaine d'exemplaires seulement? Il faut croire que non. Nous sommes devant un stock inépuisable. Nous rejoignons le Café littéraire où se tient une conférence ayant pour thème «Traduction, entre absence et volontarisme». M.Sari qui a eu déjà à traduire en arabe plusieurs romans dont L'Interdite de Malika Mokeddem, Les Amants désunis de Anouar Benmalek, Les Hirondelles de Kaboul, ou encore Les Sirènes de Bagdad de Yasmina Khadra explique ne pas avoir eu de problème avec ces auteurs au niveau de son travail de traduction. «Pour moi, en tant que traducteur, c'est un plaisir de travailler avec Yasmina Khadra car on retrouve dans ses romans des références linguistiques de la société et c'est cela qu'il faut veiller à respecter lors de la traduction.» Abondant dans le même sens, Abdelkader Bouzida, directeur du laboratoire de la traduction et professeur de langue arabe sollicité pour rectifier la version libanaise de l'oeuvre de Frantz Fanon, dira la nécessité de traduire les oeuvres des Algériens, par des gens «immergés dans la réalité socio- culturelle de l'oeuvre». Et de renchérir: «Nous avons énormément de traducteurs en Algérie mais nous ne faisons rien pour les encourager». De son côté, Inaâm Bayoudh, traductrice et directrice de l'Institut arabe de la traduction, fera remarquer le départ de la plupart de nos traducteurs à l'étranger et les motivations avant tout lucratives des traducteurs, notamment au Liban. Un métier très avantageux chez eux, explique-t-elle. «Nous constatons cependant un certain réveil. Il faut que nos traducteurs et nos éditeurs se fassent plus connaître à l'étranger.» M.Anouar Benmalek dira, pour sa part, qu'un bon traducteur est celui qui «traduit une oeuvre loyalement. Tout comme dans la poésie...» Yasmina Khadra a, de son côté, affirmé faire confiance à ses traducteurs tout en relevant les incohérences qui peuvent parfois survenir dans la traduction de telle ou telle expression propre à une culture ou une société, ce qui peut l'amener à douter. «Le traducteur, c'est le parent adoptif d'une oeuvre. Tout dépend de la sincérité de chacun. Il suffit de prier chaque jour pour que cela se passe bien...», finit-il par avouer avec le sourire.