«La question des migrations doit être traitée de façon globale, parce qu'elle nous interpelle tous et relève d' une responsabilité partagée.» «Le but de ma visite à Bruxelles a été d'examiner avec les responsables de l'Union européenne les sujets et domaines sur lesquels nous avions peu de communication ou très peu», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'ambassade d'Algérie, à l'issue de sa visite de vendredi dans la capitale européenne. Il a rencontré et discuté avec, principalement, les deux vice-présidents de la Commission européenne, Mme Bénita Ferrero-Waldner, commissaire en charge des Relations extérieures et de la Politique de voisinage (PEV), et M.Franco Frattini, commissaire responsable des Questions de justice, liberté et sécurité. Au vu de la qualité des deux commissaires, l'Algérie et l'UE se sont, on l'aura compris, entretenues sur des sujets stratégiques de coopération, tels ceux liés aux flux migratoires et à la circulation des personnes; à la sécurité énergétique; aux conflits qui minent le projet euro-méditerranéen tels celui du Sahara occidental et la question palestinienne...ainsi, par exemple, M.Medelci a expliqué que «l'Algérie a passé une sorte de deal avec les Européens, qui consiste à ce que les pays de l'UE facilitent et augmentent le nombre de visas pour les Algériens, contre une meilleure maitrise (moyens matériels et humains) des flux migratoires clandestins de la part de l'Algérie». Il a ajouté que l'Algérie souhaite, carrément, la suppression des visas pour les hauts fonctionnaires et autres cadres. Selon le ministre, les deux parties ont manifesté une vision et une volonté nouvelles d'aborder ces «chantiers», si complexes et sensibles. Par ailleurs, les problèmes concernant la communauté algérienne vivant en Europe ont été soulevés (regroupement familial, visite...). La partie européenne a, d'après notre ministre, reconnu la qualité et la compétence de nos compatriotes installés en Europe. Elles rapportent une plus-value importante, rarement mise en valeur par les pays d'accueil. Le ministre algérien a évoqué l'idée pour les deux parties de s'inspirer des accords dans ce domaine entre l'UE et l'Ukraine ou la Russie. «C'est dire combien la question des migrations doit être traitée de façon globale, parce qu'elle nous interpelle tous et relève d'une responsabilité partagée», a résumé le ministre. L'autre chapitre abordé par les deux parties a concerné la coopération énergétique. Là-dessus, «il y a une convergence de vues et d'intérêts entre l'UE et l'Algérie», a déclaré M.Medelci. «Cela implique d'avoir un accord franc qui satisfasse les deux parties», a ajouté le ministre. Evoquant le «feuilleton» sur la réciprocité commerciale dans ce domaine, M.Medelci a rappelé aux Européens que leurs sociétés interviennent à leur aise en Algérie, alors que l'Algérie, par l'intermédiaire de Sonatrach, subit quelques discriminations. Qui plus est, les dernières directives européennes sur la participation des sociétés étrangères dans les domaines de la distribution de l'énergie ne concernent pas, juridiquement parlant, l'Algérie. De même que la loi européenne sur la «clause de destination finale» qui permet à la société d'approvisionnement et de vente de fixer ses prix en fonction de ceux du marché. C'est dans ce sens que les deux parties ont évoqué la perspective d'un accord stratégique. «Peut-être au courant de l'année 2008», a déclaré M.Medelci. Ainsi, avec autant d'intérêts communs l'Europe ne cesse d'appuyer la candidature de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Faut-il rappeler que l'Accord d'association qui lie notre pays à l'UE, ne fait rien d'autre que reprendre les règles édictées par l'OMC? Poursuivant, le ministre a expliqué combien est important l'accompagnement de l'UE dans les domaines de la formation et de la mise à niveau de notre économie, afin d'éviter à l'économie algérienne les dérives de la dépendance et du sous-développement. Toujours est-il que «la construction d'un espace euro-méditerranéen de paix et de prospérité est conditionnée par le règlement des conflits qui se perpétuent», ont estimé les deux parties. C'est pourquoi, l'UE continue d'apporter son soutien à un règlement juste du problème du Sahara occidental. Elle a réaffirmé son attachement aux différentes résolutions de l'ONU et à la légalité internationale en vue d'un dénouement rapide qui consacre le droit des sahraouis à s'exprimer sur leur avenir. Il en est de même pour l'avenir des Palestiniens et leur droit légitime à un Etat souverain et indépendant. Signalons enfin, que le ministre algérien a mis à profit sa visite pour parachever avec l'UE l'accord sur les services, contenu dans l'Accord d'association, alors que ce chapitre (les services) devait être entériné après l'accès de notre pays à l'OMC.