En affirmant que l'Iran ne voudrait pas devoir utiliser le pétrole comme arme, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad atténue l'impact de l'assurance donnée par l'OPEP de continuer d'approvisionner les marchés mondiaux du pétrole de manière “suffisante et fiable”. Devant la pression permanente exercée par les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire, Mahmoud Ahmadinejad n'écarte pas le recours à l'arme du pétrole, pour y faire face. “Nous ne voudrions jamais devoir utiliser le pétrole comme arme ou avoir à prendre des mesures illégales, mais si l'Amérique prend une quelconque initiative contre nous, nous saurons comment répondre”, a-t-il notamment déclaré en réponse à une question sur la menace d'un durcissement des sanctions contre l'Iran à l'initiative des Etats-Unis. Bien qu'il cherchait à montrer que l'Iran n'est “pas inquiet”, en ajoutant “je veux dire que les Etats-Unis ne sont pas capables de faire pression sur la nation iranienne”, le chef de l'Etat iranien s'attelle toujours à trouver des alliés contre Washington. Répondant d'une manière catégorique qu'“il n'y avait aucune possibilité de guerre, d'une nouvelle guerre dans la région”, à une question sur les risques de guerre dans la région en raison de cette crise du nucléaire, Ahmadinejad prévient néanmoins que les Etats-Unis “commettent une nouvelle erreur, alors toute la région deviendra un endroit inamical pour eux”. “Ma prédiction est qu'aucune guerre n'éclatera dans la région”, a-t-il conclu. Confortée par le dernier rapport de l'AIEA, qui indiquait que l'Iran a fait des “progrès substantiels” en révélant la nature et l'étendue de son programme nucléaire, tout en estimant que “cela reste insuffisant”, l'administration Bush s'apprête à demander à l'ONU l'imposition d'une troisième série de sanctions contre l'Iran. N'ayant pas réussi à créer un front anti-américain tel qu'il le souhaitait, Ahmadinejad se contente pour l'instant du soutien du Venezuela et de la Syrie. D'ailleurs, Hugo Chavez est arrivé hier à Téhéran pour officiellement signer un accord d'ordre industriel, mais surtout pour soutenir son principal allié contre les Etats-Unis. Il s'agit de la quatrième visite du président vénézuélien en Iran depuis l'arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad en 2005, lequel a effectué pour sa part en septembre dernier sa troisième visite au Venezuela. En effet, l'Iran et le Venezuela ont forgé ces dernières années des relations solides marquées par leur hostilité commune vis-à-vis des Etats-Unis. Le président Chavez, qui a fermement défendu à plusieurs reprises le programme nucléaire iranien, a averti qu'une éventuelle attaque américaine contre l'Iran ferait passer le prix du pétrole à 200 dollars. Par ailleurs, les deux hommes ont vainement tenté d'avoir gain de cause au sein de l'OPEP à travers leur demande d'une éventuelle fixation des prix du pétrole en une autre devise que le dollar. La seule concession qu'il ont obtenue est l'inscription de ce point dans la déclaration finale du sommet comme ils l'ont demandé : “Aux ministres de l'Energie et des Finances du cartel d'étudier les manières d'améliorer la coopération financière entre membres de l'Opep, y compris les propositions de certains chefs d'Etat.” Les prix mondiaux du pétrole sont libellés en dollar et la chute du billet vert a sensiblement diminué les revenus des pays producteurs. Pour sa part, l'Iran a déjà décidé de vendre son pétrole en euro en réaction aux sanctions financières décidées par les Etats-Unis contre Téhéran. K. ABDELKAMEL