C'est une première dans l'histoire électorale de la commune. Dix partis en course pour les locales. En dépit du scepticisme des électeurs, l'intérêt que suscite l'échéance électorale du 29 novembre est très grand pour les candidats. Le cas de la commune d'El Adjiba, est révélateur. Dix listes en compétition. Le nombre d'électeurs qui vont s'exprimer le jour du vote est de 9 104. Ce qui fera un total de 9 sièges. C'est une première dans l'histoire électorale de cette commune. La seule localité de la wilaya de Bouira, à avoir dix programmes et visions différents pour venir en aide à une population estimée à 14 mille âmes et qui vit dans l'attente d'une initiative prenant en main ses préoccupations. La fièvre de la campagne a atteint son paroxysme. A l'entrée de cette localité, où nous nous sommes rendus, des baraques et carcasses qui peinent à s'achever, accueillent quotidiennement les usagers de la RN05. Seul le nouveau siége de l'APC donne à la localité l'aspect d'une ville. El Adjiba, parait comme un bidonville. Après avoir fait un petit tour à travers les quartiers et cités, force est de constater que les ruelles n'ont pas été encore viabilisées. Le Premier bureau de campagne trouvé sur notre chemin est fermé, l'autre, à quelques mètres de là, est encore fermé. Un citoyen nous rassure et nous aiguille: «Si vous voulez voir les têtes de listes, il faut revenir la nuit». L'autre, jeune, la trentaine entamée, après que nous nous sommes présentés, il enchaîne: «Tu peux rapporter dans ton article qu'on est envasé, accablé par les problèmes de chômage et le manque d'infrastructures». De retour, au centre ville d'El Adjiba, nous traversons la voix ferrée, qui, en l'absence d'une passerelle, représente un grand danger. Les autorités locales n'ont rien prévu pour éviter d'éventuelles catastrophes. Des personnes ont déjà été écrasées par le train. Le danger persiste. A ce moment là, un meeting organisé par le candidat d'El Islah, se déroule dans une petite salle. Etroite et mal placée pour servir de salle de conférences. Il faut faire le tour des ruelles afin d'y accéder. Les acteurs politiques n'ont pas le choix, il faut travailler avec les moyens du bord. Ali Faouzi Rebaïne, chef du parti Ahd 54, lors de son passage par cette commune il y a une semaine, a tenu sa conférence à l'intérieur de cette salle. Les dirigeants locaux ne prêtent aucune attention aux problèmes de ce genre. La porte est barricadée par un groupe de personnes. Difficile de se frayer un chemin. Le candidat discourt devant une assistance qui applaudit chacune de ses phrases. On dit que l'APC est déficitaire de plus d'un milliard de centimes. Sur les côtés de la RN05, deux partis ont improvisé leurs bureaux. Deux baraques toutes couvertes d'affiches sont aménagées pour mener à bien la campagne. Les autres partis ont installé leurs bureaux dans les villages avoisinants, Semmache, Tamra et la Crête rouge. Nous n'avons pas encore rencontré les têtes de listes. Quelques candidats en compagnie de jeunes citoyens ont accepté de répondre à nos questions. Ce qui a été soulevé de cette entrevue concerne les problèmes dont souffre la quasi-totalité des collectivités à travers tout le territoire national: attribution anarchique de logements, absence d'infrastructures sportives et culturelles, chômage, gaz de ville et eau potable. Les habitants ont du mal à se retrouver dans cet assourdissant bruit des élections locales, environ 140 candidats sillonnent, à longueur de journée, les villages entourant El Adjiba. Chacun d'eux se fait valoir au détriment des autres, à tour de rôle, on ressasse les mêmes phrases et les mêmes promesses d'il y a des années. Le fait d'avoir dix listes dans leur commune, les citoyens, tout en ironisant, prennent la chose du bon côté. Avoir plusieurs candidats en lice c'est un signe de démocratie. Par contre, d'autres pensent que l'objectif d'être à la tête d'une assemblée leur permet de gérer leurs carrières personnelles. «L'heureux élu de la prochaine élection devra travailler dans le seul but qui est de régler les problèmes du citoyen», déclare un jeune commerçant. «Malgré cette descente aux enfers, on doit rester optimistes», ajoute-t-il. De l'optimisme. Pourquoi ne pas avoir un espoir, qu'un jour, un responsable local ou des hautes sphères, saisissent l'appel pressant de la population?