Le président malien Amadou Toumani Touré est, depuis hier, à Alger pour une visite officielle de 48 heures. Dès son arrivée, il s'est entretenu avec le président Abdelaziz Bouteflika. Ce séjour sera centré sur les problèmes de sécurité le long de la frontière entre l'Algérie et le Mali. La zone frontalière est régulièrement le théâtre d'attaques de rebelles touareg. Le séjour en Algérie du président malien a été précédé par la réunion, lundi et mardi, de la 10e session du Comité frontalier algéro-malien, dont le procès-verbal sera signé solennellement au cours de cette visite. Selon les recommandations du Comité frontalier, les deux pays veulent assurer une meilleure circulation des personnes et des biens et renforcer la coopération entre leurs services de sécurité aux frontières dans la lutte contre le terrorisme, le banditisme et l'émigration illégale. Les deux pays veulent aussi coopérer dans la lutte anti-acridienne — un fléau dévastateur pour les cultures sahariennes —, la réalisation de la route transsaharienne et le développement du commerce de troc frontalier. “Les conclusions de cette session vont imprimer un nouvel élan à la coopération entre les deux pays et l'insérer dans un cadre institutionnel qui la renforcera davantage, notamment dans les zones frontalières”, a déclaré à cette occasion le ministre délégué aux Collectivités locales Daho Ould Kablia. Le chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga, auteur d'attaques et d'enlèvements de soldats gouvernementaux dans le nord du Mali, séjourne actuellement à Alger. Les hommes de ce dissident ont déclenché, à partir de la fin du mois d'août, plusieurs opérations contre l'armée malienne dans le nord du pays, kidnappant une cinquantaine de personnes dont une vingtaine demeurent détenue à ce jour. Le gouvernement malien et les ex-rebelles touareg avaient signé, en juillet 2006 à Alger, des accords de paix, selon lesquels les Touareg ne doivent plus réclamer l'autonomie de leur région, tandis que Bamako doit accélérer le développement du Nord désertique abritant l'essentiel de la communauté touareg. En septembre, l'Algérie et le Mali avaient mobilisé 1,75 million d'euros pour alimenter un fonds spécial créé à la suite de l'accord de paix d'Alger. Selon le comité de suivi de cet accord, le Mali et l'Algérie ont débloqué une “mise de départ” de respectivement 650 millions et 500 millions de FCFA. Le 17 novembre, le consul général d'Algérie à Gao (nord du Mali), Mohamed Bachir Babaci, a affirmé avoir fait l'objet d'une tentative d'assassinat par des milices maliennes se réclamant de l'ancien mouvement armé Ganda Koy (les propriétaires de la terre), farouchement opposés aux Touareg du Mali. Ce mouvement reproche au gouvernement malien d'avoir fait des concessions inacceptables aux ex-rebelles touareg dans le cadre de l'accord de paix de 2006 conclu grâce à la médiation d'Alger. R. B.