Le processus de privatisation des entreprises publiques en Algérie a été fortement critiqué. «S'il y a lieu de privatiser, la priorité est aux nationaux», a déclaré, hier, le président de la Confédération des cadres de la finance et de la comptabilité, Karim Mahmoudi. Intervenant à l'ouverture d'une rencontre organisée sur les perspectives du secteur public en Algérie, Mahmoudi, tout en se disant favorable à ce processus, insiste sur le fait de libérer le capital du public au privé algérien. De son côté, M.Madani Mekki, chef de division automobile à la SAA, a souligné que le processus de privatisation avance très lentement. Pour ce cadre de la SAA, la notion de la privatisation en Algérie est imprécise. «Nous ne savons pas si elle concerne le transfert physique des droits des propriétés de l'Etat vers le privé ou le transfert de la gestion. De plus, les prérogatives et les statuts des SGP ne sont pas bien définis», a-t-il lancé. Enchaînant dans le même sens, le Dr Abdelhak Lamiri, économiste et président directeur général de l'Institut supérieur de management (Insim) a axé son intervention sur la taille du secteur public. Selon lui, l'Algérie souffre d'absence d'organisation économique claire. «Il ne peut pas y avoir une économie de marché avec un secteur public dominant», soutient-il. Développant son point de vue, M.Lamiri dira que théoriquement, plus le secteur public est petit, plus l'économie serait performante. «Le secteur public peut, néanmoins, représenter 20 à 25% du PIB, à condition qu'il y ait une bonne gouvernance avec un management de haut niveau dans les institutions de l'Etat», souligne-t-il et d'ajouter qu'«en Algérie, nous avons un Etat qui ne sait pas gérer ses institutions. Comment peut-on donc lui demander de gérer ses entreprises?». Aussi, suggère-t-il à l'Etat de s'occuper davantage du management de ses institutions pour arriver à une efficacité dans la gestion des entreprises publiques. M.Lamiri cite cinq mécanismes qui permettront à un secteur public d'être efficace. Il s'agit de la compétitivité, d'un minimum de participation privée car «cela permettra de superviser et mieux contrôler le secteur», d'un seuil minimal ne dépassant pas 25% du PIB, faire des audits indépendants et fréquents et enfin créer un maximum d'équilibre technique et politique. En Algérie, dit-il, l'Etat n'a pas de stratégie dans ce sens. «Si on veut aller vers l'efficacité, il faut d'abord régler le problème de l'organisation économique». Ce qui manque en Algérie, affirme-t-il, c'est une institution d'intelligence et de stratégie, qui regroupe les meilleurs experts et les compétences nationales. Une institutions chargée de faire des études afin d'éclairer l'Etat dans le processus de réformes économiques et la privatisation que les ministères se chargeront d'appliquer. Pour M.Lamiri, il y a trois facteurs-clé de la croissance économique, en l'occurrence les ressources humaines, le développement de la PME-PMI et le management.