L'Algérienne a dû se battre également contre un public qui lui était défavorable. Dans le sport où la loyauté et l'éthique sont deux qualités qui doivent être constamment privilégiées, il est des jours où tout va de travers. Des jours mais également des sports où le meilleur n'est pas celui qui gagne. Il n'y a rien d'extraordinaire à cela. Le champion peut très bien connaître un «coup de pompe» le jour J et passer complètement à coté de son sujet pour se faire battre par plus faible que lui. Mais lorsque ce meilleur perd par à cause de celui (ou de celle) qui est chargé (e) de le noter, l'esprit même de la compétition disparaît. Il est naturel que, dans une compétition internationale, les conditions soient en faveur des athlètes du pays organisateur. Les juges et arbitres n'ont même pas besoin d'être approchés en vue d'un coup de pouce de leur part. Ils sont, pour cela, largement conditionnés par la présence du public et ils se sentent obligés de se montrer moins regardants sur les erreurs des athlètes locaux et plus généreux en leur faveur lorsqu'il s'agit d'accorder des points. Avant même que ces Jeux ne débutent, il était évident que l'Egypte en serait le grand vainqueur. Il s'agit d'un grand pays, premier des derniers Jeux africains que notre pays avait organisés et qui n'avait besoin d'aucun coup de pouce pour dominer, de la tête et des épaules ces 11es Jeux sportifs arabes, d'autant qu'ils se déroulaient sur son sol. Mais ces athlètes et leurs dirigeants ont certainement voulu plus. Ecraser cette compétition au point de ne laisser que des miettes aux autres. Aussi, là où certains de leurs athlètes étaient susceptibles de rencontrer des difficultés pour s'imposer, ils s'en sont tenus à «l'arme» de l'arbitrage. Il en a été ainsi mercredi soir dans l'une des salles du complexe sportif du Caire où les karatékas algériens ont dû se battre contre leurs adversaires et contre les arbitres. Passe encore pour l'épreuve du kata individuel masculine où l'Algérien Billal Boughezala était un cran en-dessous de l'Egyptien qu'il a affronté en finale. Que dire cependant du kata féminine où l'Algérienne Khadidja Tegrara a été manifestement supérieure à l'autre finaliste, une Egyptienne? La médaille d'or était acquise pour Khadidja, les juges en ont décidé autrement, car il fallait que la fête soit égyptienne à 100%, ce soir-là. Elle ne l'a pas été puisque en kumite féminine, l'Algérienne Ilham El Djou a été le trublion de la soirée en empêchant une Egyptienne d'accéder à la plus haute marche du podium des moins de 53 kilos. Et l'on peut vous assurer que Ilham en a bavé, elle qui a bien failli abandonner au cours de la finale alors qu'elle menait au score. Il faut dire qu'elle a évolué dans une salle surchauffée et face à une Egyptienne qu'elle a toujours battue mais qui, cette fois-ci, devant son public, voulait la victoire et l'or. Cette Egyptienne-là a eu beau se «décarcasser» sur le tapis, elle n'a pu déjouer la vigilance de l'enfant de Chelghoum Laïd, sûre d'elle et de sa supériorité. Mais il y a quelques mois, Ilham avait subi une opération au genou gauche et cela, le camp égyptien le savait. Aussi, au moment où l'Algérienne menait au score, il y eut un accrochage entre les deux filles lors duquel l'Egyptienne a attaqué son adversaire sur son point faible: son genou gauche. Ilham ne s'est pas relevée immédiatement de ce «corps-à-corps». Clouée au sol, elle se tordait de douleur. Tout le monde dans la salle la voyait abandonner le combat. Mais avec beaucoup de courage, elle s'est relevée et a poursuivi le duel sur une seule jambe, la droite. Que pouvait-elle faire? Tenter de gérer son avance de deux points (4-2). Elle a tenu jusque dans les ultimes secondes lorsque l'Egyptienne s'est ruée sur elle dans un assaut de la dernière chance. Une réaction intervenue au moment où le match était terminé et qui n'a pas été positive, de la part de l'athlète égyptienne qui usait de méthodes anti-sportives, comme marcher sur le genou de Ilham lorsque celle ci se retrouvait au sol. Seulement, on avait compté sans les juges lesquels, en dépit du fait que le temps était terminé, ont choisi d'avertir l'Algérienne et de faire progresser de deux points son adversaire. Ilham en était quitte pour le On So Chen ou plus communément, la minute supplémentaire de combat. 60 secondes d'une souffrance intenable mais dont l'Egyptienne n'en a pas tiré profit puisque sur une de ses attaques, Ilham a répliqué et c'est son coup qui a été enregistré car trop flagrant. Les juges ont dû ravaler leur salive, incapables qu'ils ont été de faire gagner l'Egyptienne. Et si la fête fut celle des locaux mercredi soir, Ilham El Djou a su s'y glisser pour que hommage lui soit rendu.