Il est un des réalisateurs à s'être distingués lors du panorama du film étranger au Festival du court métrage de Taghit... Il est réservé mais possède dans ses grands yeux la maturité des gens lucides..Peu bavard, artiste dans l'âme, Rami Kedihe a su nous transporter dans le temps grâce aux images de son film, qui elles, ont contribué à faire beaucoup parler de lui. Ziad est un jeune étudiant qui raconte l'histoire de sa mort, décrivant le quartier populaire où il vit. Ceci est le synopsis de son court métrage Quand Chahrazed s'est tue. Une belle parabole sur la destruction des pays arabes...Il évoque ici avec nous, son dur mais beau métier qu'il exerce tant bien que mal au pays du Cèdre, le Liban. L'Expression: Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs? Rami Kedihe: Je suis un jeune réalisateur libanais. J'ai 24 ans. J'ai fait des études de cinéma à l'Académie libanaise des Beaux Arts où j'ai obtenu mon Master, mention «excellent» à la fin de mon diplôme suite au film que j'ai présenté. Dans le court métrage que vous avez présenté lors de ce festival de Taghit, Et Chahrazad s'est tue...traite d'une histoire de gangster dans un quartier commun mais chaud à Beyrouth. La guerre n'est pas évoquée mais on sent un certain trouble et un marasme sourd à travers les images. Partagez-vous cette impression? Bien sûr socialement et politiquement, il y a toujours cette influence dans n'importe quelle société au monde. Mais ce que j'ai essayé de montrer dans mon film est la vie quotidienne que vivaient ces jeunes dans un quartier populaire commun dans les banlieues sud de Beyrouth...Je noterais que le film a été tourné avant la guerre, même si elle avait éclaté après dans la même région. J'ai monté le film après la guerre. Le côté esthétique est un choix, plutôt de réalisation internationale appartenant à une école, un genre de style ou de langage cinématographique qui a été exécuté dans plusieurs pays au monde dont le Brésil, la France, l'Angleterre. J'ai essayé de mélanger le documentaire à la fiction dans la façon de traiter le sujet, autrement dit de mixer ce qui relève du réel au fictif, partant d'un fait divers. Rami Kedihe a-t-il trouvé son style? Pas encore. Je tends à l'expérimentation en permanence. Ce film représente un début. Je compte mûrir mon style, mais ce qui ne changera pas est la réflexion que j'aurai à développer, en tant que scénario et réalisation, jusqu'à l'identification de l'identité de Rami. Chaque artiste et réalisateur se doit de faire des recherches sur soi-même pour évoluer. Mon prochain film ne diffère pas trop du précédent. Je l'ai déjà écrit. Je suis à la phase de recherche de financement. C'est un film de souvenir inspiré de ma vie adolescente. Cela raconte l'histoire d'un jeune garçon qui vit au sud du Liban et passe ses étés chez sa grand-mère, en passant par la dernière guerre de façon très indirecte. Il a ses amis là-bas etc. Justement, comment un jeune de 24 ans vit-il aujourd'hui au Liban dans ces conditions de tension qui existent et qui plus, cherche à exister à travers le métier de cinéaste qui est très difficile? C'est très difficile, en effet. On cherche toujours à s'exprimer. Mais vu la situation très compliquée maintenant au Liban, cela crée des blocages très forts surtout en matière de création. Je continue à vivre en voyant sans cesse des films, en participant à des festivals et à des activités culturelles et intellectuelles diverses, et en discutant avec des réalisateurs libanais qui peuvent toujours m'instruire... Peut-on avoir une idée sur le cinéma au Liban? Il n y a pas d'industrie du cinéma au Liban. Il y a des réalisateurs libanais qui font des films. Ce sont plus des initiatives personnelles. Chaque réalisateur peut avoir ses financements de l'extérieur. Il n y a pas de financements locaux. Cela n'existe pas au Liban. L'Etat est en phase très critique. Nous sommes apparemment dans une ère d'autodestruction que ce soit sur le plan politique, social ou économique. Quand ces choses rentreront dans l'ordre, le cinéma s'améliorera. J'en suis sûr...