Partant du postulat qu'«on ne peut rien construire avec de la haine», il propose de tourner la page. Le discours que vient de «commettre» à Constantine le président français, Nicolas Sarkozy, est à la fois lyrique et pragmatique. En moins d'une heure, il a laissé son empreinte par des propos qui n'ont pas dérogé à la tradition des grands discours que prononcent les chefs d'Etat lors de leur passage dans cette antique ville où gît le Roi Massinissa. Reviennent alors à la mémoire les discours du général de Gaulle et son fameux Plan de Constantine, celui de feu Boumediene et, dans un passé récent, le discours académique du président Bouteflika. A la fois lyrique et pragmatique dans ses propos, M.Sarkozy a proposé hier, à l'Algérie de construire avec la France «l'Union méditerranéenne» sur la base de «l'amitié franco-algérienne». S'inspirant de l'histoire de son pays avec l'Allemagne, M.Sarkozy a demandé, tout simplement, de tourner la page de l'histoire entre les deux pays, entachée de douleurs. Partant du postulat qu'«on ne peut rien construire avec de la haine», le président français propose de tourner la page. Aussi, la France est-elle venue, aujourd'hui, proposer à l'Algérie de bâtir l'Union méditerranéenne sur «l'amitié franco-algérienne», a-t-il déclaré devant un parterre d'étudiants à l'université Mentouri de Constantine. «C'est parce qu'il y a tant de douleurs à surmonter que ce que vont faire ensemble l'Algérie et la France a tant d'importance pour ce qui va advenir de la Méditerranée», a ajouté le président français sous le regard de M.Bouteflika qui l'a fortement applaudi. «L'Union de la Méditerranée, c'est un pari (...) dicté par l'idéal autant que par la raison. Un pari qui n'est ni plus, ni moins raisonnable que celui de l'Europe, il y a soixante ans», a tranché M.Sarkozy. Cela étant, le parallèle Allemagne-France et France-Algérie, n'est pas exempt de critiques. Adenauer et De Gaulle se rencontrent et se réconcilient en 1961. Une rencontre historique durant laquelle il y a eu, d'ailleurs, l'acte de refondation des relations entre la France et l'Allemagne. C'est également durant cette rencontre qu'a été signé le traité d'amitié entre les deux pays, ce qui a permis la construction de la Communauté économique européenne, ancêtre de l'Union européenne d'aujourd'hui. Il est tout à fait clair que la comparaison des retrouvailles franco-allemandes avec le schéma franco-algérien n'est ni exacte ni adaptée pour au moins deux raisons: la première est que les relations entre la France et l'Algérie sont entachées des séquelles du colonialisme. Ce schéma ne convient pas dans le cas des relations entre la France et l'Allemagne. La seconde raison découle de la logique même empruntée par le président français pour exposer son projet d'Union méditerranéenne. Puisque nous sommes dans les comparaisons, alors comparons jusqu'au bout. Si Bonn et Paris se sont présentés des excuses mutuelles, l'Algérie est en droit aujourd'hui d'attendre -à défaut d'exiger- le repentir de la France officielle pour les crimes commis en son nom par le colonialisme. Il reste que le président français a prononcé l'un de ses plus grands discours à l'étranger depuis son intronisation à la tête de la République française. La France peut bien se targuer d'avoir un VRP qui est allé lui chercher environ 30 milliards de dollars en l'espace d'un mois. C'est-à-dire un milliard de dollars par jour. Que veut encore la République?