Le président du FNA voit d'un mauvais oeil la campagne lancée par le FLN pour un troisième mandat de M.Bouteflika. La présidentielle de 2009 ne sera pas comme les autres. Le Front de libération nationale vient d'en lancer la campagne en sollicitant le président de la République pour un 3e quinquennat. Selon le président du Front national algérien, le FLN est en train de mettre la charrue avant les boeufs. «La Constitution est au-dessus de tous. Elle limite la magistrature suprême à deux mandats», a fait constater M.Touati. Il a cette remarque cinglante: «Le FLN se comporte comme s'il était encore un parti unique. Il fait fi de la volonté populaire.» Le Front de libération nationale a mis en branle les organisations de masse qui lui sont inféodées: Ugta, Unja l'Organisation des anciens moudjahidine...L'invité de la Chaîne II, ce jeudi, l'a fait remarquer. Des souvenirs ressurgissent. L'époque du parti unique, les vieux réflexes reviennent-ils au pas de charge? «Tous les pays démocratiques ont opté pour deux mandats présidentiels. Certains avancent alors que nous, on recule», constate amèrement le leader du FNA. Un troisième mandat pour le président Bouteflika doit passer par la révision de la Constitution. Or, à ce jour, le chef de l'Etat n'a pas manifesté ses intentions. Le tapage fait par la formation de M.Belkhadem hérisse Moussa Touati. «45 ans ça suffit! Le roi est mort vive le roi», s'écrit-il. «Chacun se taille une veste à sa taille tous les dix ans. C'est une atteinte à la souveraineté du peuple», objecte le président du FNA. Est-il contre l'amendement de la Constitution? «C'est du droit du président de la République», répond l'invité de la Radio nationale, Chaîne II. «Je respecte le président de la République mais je n'accepterais pas que la souveraineté populaire soit bafouée», poursuit-il. M.Touati n'est pas opposé à une révision de la Constitution qui prenne en charge les aspirations du peuple. Il faudrait cependant, selon lui, «identifier les causes qui peuvent provoquer la révision du texte fondamental qui régit les institutions de la République». Dans un autre registre, l'invité de la Chaîne II n'a pas été tendre avec les partis membres de l'Alliance présidentielle. Le FLN, le RND et le MSP ont en pris pour leur grade. «L'Alliance présidentielle pense d'abord à elle-même et aux portefeuilles ministériels», a fait constater l'hôte de la Chaîne II, qui a écarté toute idée de faire partie de ce «triumvirat». Moussa Touati n'a pas fait dans la dentelle. Pas de langue de bois. Un langage franc et direct. Et ça marche. Il revendique 800.000 sympathisants et près de 300.000 militants. Une base structurée qui a fait un carton lors des dernières élections locales. 126 APC ont été conquises. «Elles seront un modèle de gestion populaire», a promis le chef de file du FNA. 1875 élus aux APC et 275 aux APW. Un tel succès est-il dû à des promesses populistes? Le FNA est taxé de populiste par certains partis. «On n'est pas au pouvoir depuis 45 ans. On n'a que 7,5 années d'existence», fait remarquer Moussa Touati. «Ceux qui se posent la question sont ceux qui ignorent le peuple, ceux qui ne respectent pas la Constitution et qui transgressent les lois.» Dieu reconnaîtra les siens. Moussa Touati serait-il un opposant? «Je ne fais pas de l'opposition pour de l'opposition. Je m'oppose mais j'existe», a-t-il précisé. Il n'est ni de droite ni de gauche. Ni néolibéral ni communiste. Le Front national algérien est fidèle à la lettre du 1er Novembre 1954. Il est pour une justice sociale. Il veut rendre la parole au peuple et inculquer la culture de citoyenneté aux Algériens. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a attribué le succès du FNA aux transfuges des autres partis. Moussa Touati répond sans ambages: «Le ministre de l'Intérieur aurait dû poser la question aux partis qui ont laissé partir leurs militants.» Il n'est d'ailleurs pas question pour lui de fermer les portes à ceux qui se reconnaissent dans les propositions du FNA. La réconciliation nationale? «Le président de la République a fait son devoir national avec lucidité, il a tenté de mettre fin à cette tragédie nationale qui a secoué le pays. C'est un homme jaloux de sa patrie». Moussa Touati a rendu hommage au chef de l'Etat. Il aurait dû, selon le leader du FNA, ouvrir un autre volet du dossier. La prise en charge des préoccupations citoyennes qui pourraient déboucher sur une crise et l'instauration d'un véritable Etat de droit sont du domaine de l'urgence, a estimé M.Touati. La repentance et la visite d'Etat de Sarkozy. «Le président Sarkozy ne présentera pas d'excuses. Il est venu prendre sa part du gâteau», point final. Le FNA qui est désormais structuré dans 48 wilayas tiendra son 2e congrès extraordinaire les 26, 27 et 28 décembre 2007, à Tipasa.