Bouteflika cherche à tout prix à honorer son engagement envers le peuple qui lui a toujours ouvert les bras. C'est l'histoire du proverbe «mettre la charrue avant les boeufs». En lançant avant l'heure une précampagne pour un troisième mandat au Président Bouteflika, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, veut vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Une «mosaïque» de questions traversent l'esprit des Algériens sur le sujet D'abord, un troisième mandat est-il une priorité pour l'Algérie à quatorze mois de la fin du mandat actuel du chef de l'Etat? Peut-on passer à un troisième mandat, sans toutefois, trancher la question de la révision de la Constitution? M.Belkhadem, est-il en train de jeter un pavé dans la mare? «La classe politique nationale» préfère le «wait and see». Cela, même si certains responsables politiques ont jugé prématuré de parler d'un troisième mandat. La porte-parole du Parti des travailleurs a vivement critiqué le débat sur la révision de la Constitution. Les deux alliés du FLN, le RND et le MSP, restent prudents. Cependant, les observateurs de la scène politique nationale estiment que le chef du gouvernement s'est quelque peu précipité sur la question. Ils estiment que le gouvernement doit mettre le paquet, d'abord sur les grands défis lancés par le président Bouteflika. Etayant leurs analyses, ces mêmes observateurs appellent le gouvernement à se consacrer plutôt aux grands chantiers du programme présidentiel. Cela afin, ajoutent-ils, de mettre en oeuvre les grands axes du plan du président de la République. Nul n'ignore que les grands chantiers sont en panne, ou presque. Si les travaux continuent sur cette cadence et sur ce même rythme, le programme du président de la République risque fort de ne pas être achevé d'ici à 2009. Les exemples ne manquent pas. L'objectif du million de logements d'ici à l'horizon 2009 a de fortes chances de ne pas être atteint. Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Noureddine Moussa, n'a pas caché cette amère vérité. Il a révélé que «seuls 393341 logements ont été réalisés au 30 juin 2007». Ce qui veut dire que seul un tiers du projet a été réalisé du programme initié en 2001 par le président Abdelaziz Bouteflika. Les officiels et les opérateurs promettent. Les clients attendent. Et ça continue. Ce n'est pas tout. Les réformes des institutions de l'Etat sont en veilleuse. Beaucoup de dossiers traînent dans les tiroirs. La réforme financière et bancaire en sommeil. Le président Bouteflika en est conscient. Il n'a pas cessé, à chaque sortie, de «laver», en live, ses ministres. Sur le plan économique, la bureaucratie constitue toujours un frein. On vient d'annoncer que le groupe émirati, Emaar, serait sur le point de geler un projet de 25 milliards de dollars, à cause de la bureaucratie. La privatisation du CPA est, aussi, gelée. Des investisseurs étrangers, de même que nationaux, se plaignent des blocages administratifs. L'obstacle du foncier fait, encore, reculer les investissements. L'administration, faut-il l'avouer, ne facilite pas la tâche aux opérateurs. Ainsi, les investissements étrangers ne sont pas légion. Ces problèmes sont dus, en premier lieu, à la non-application du programme, voire à la négligence des responsables des secteurs concernés. Le plus grand service que le gouvernement peut rendre au chef de l'Etat est d'accélérer et parachever son programme avant l'échéance de 2009. Abdelaziz Bouteflika cherche à tout prix à honorer son engagement envers le peuple qui lui a toujours ouvert les bras, il appartient au gouvernement de l'aider pour ce faire. Avec tous ces blocages, ces retards dans la réalisation des projets, cette bureaucratie, l'urgence est de lever les obstacles qui freinent ces réalisations. Or, en ciblant mal les priorités, les responsables sont, d'une manière ou d'une autre, en train de compromettre un autre mandat pour le chef de l'Etat. Il y a lieu de s'interroger, justement, si on n'est pas en train de freiner les machines pour empêcher la concrétisation du programme présidentiel. La relance économique, le rétablissement de la paix, le projet du million de logements, l'autoroute Est-Ouest et la réforme des institutions de l'Etat sont des grands chantiers qui méritent un suivi autrement plus dynamique. Le président ne pourrait gagner ses paris que dans la mesure où tout secteur accomplira ses missions et que chacun assume, à son niveau, les responsabilités qui lui incombe dans l'application de ce programme. Le gouvernement a encore 14 mois pour se rattraper. C'est l'heure de retrousser les manches plutôt que de mettre la charrue avant les boeufs en se consacrant à une campagne présidentielle encore loin dans le temps.