L'année 2007 s'achève sur fond de discorde pour les membres de l'Alliance présidentielle. La polémique sur la révision de la Constitution et le troisième mandat pour le président Bouteflika l'auront incontestablement marquée. Ces mêmes questions semblent être à la « une » de l'année 2008, qui commencera demain. Défendue mordicus par le FLN, dont le président n'est autre que Abdelaziz Bouteflika, la révision constitutionnelle s'est heurtée au cours de l'année qui s'écoule à de farouches résistances au sein même de la coalition gouvernementale. S'il exprime la satisfaction de son parti devant l'annonce faite par le président de la République le 4 juillet 2006 de présenter un projet de révision constitutionnelle, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, refuse d'adhérer au projet lancé par le FLN. M. Ouyahia, dont le parti est membre de l'alliance présidentielle (composée également du FLN et du MSP), adopte, dans le même sillage, une position pour le moins ambiguë sur la question du troisième mandat, jugeant « trop tôt » de parler de l'élection présidentielle d'avril 2009. Le MSP a, de son côté, émis des réserves sur la révision constitutionnelle. Bouguerra Soltani, président du parti, trouve que la modification de l'article 74 limitant la durée du mandat présidentiel à cinq ans, lequel mandat est renouvelable une seule fois, risque de remettre en cause le principe démocratique de l'alternance au pouvoir. Absence de consensus Le FNA, parti émergent qui a créé la surprise lors des élections locales du 29 novembre dernier, s'oppose à l'idée d'un troisième mandat. Moussa Touati, président de ce parti, est allé jusqu'à mettre en garde contre une révision constitutionnelle qui servira l'intérêt de personnes et non pas celui du peuple. Cela sans compter les autres partis de l'opposition, comme le FFS et le RCD, qui sont fondamentalement contre un tel projet. Mais ce qui compte le plus pour les promoteurs zélés de cette révision, c'est un consensus au sommet de l'Etat. Ainsi, la tâche de Belkhadem et compagnons s'annonce dure et nécessite plus de lucidité et de mobilisation. Elle est encore plus difficile du fait qu'au sein même du FLN, il y a des résistances à cette révision et à la question du troisième mandat. Mais l'équipe de Belkhadem semble être résolue à aller jusqu'au bout. Le travail qu'impliquera cette détermination à faire aboutir ce projet de révision constitutionnelle risque d'avoir des répercussions néfastes sur le fonctionnement des affaires de l'Etat et sur l'avancement des chantiers en cours. La précampagne pour la présidentielle d'avril 2009 pourrait reléguer au second plan les questions cruciales d'ordre économique et social. L'Algérie se trouve actuellement face à des défis majeurs, liés notamment à sa sécurité alimentaire sérieusement menacée. Elle se heurte à des problèmes multidimensionnels qui nécessitent des solutions durables et, surtout, réfléchies. Cette bataille pour un troisième mandat pourrait éloigner, encore davantage, l'Algérie du bon chemin de développement et lui faire perdre encore du temps et de l'argent. Les Algériens attendent beaucoup du gouvernement en 2008. Une revalorisation des salaires, un assouplissement des conditions d'accès au logement, à l'emploi… sans oublier le terrorisme qui continue à endeuiller des centaines de familles algériennes. En tournant le dos à ces préoccupations et en se lançant dans une course pour la présidentielle avant l'heure, le FLN, ses alliés ainsi que ses adversaires précipiteraient le pays dans des lendemains incertains.