«Nous n'avons pas de grande stratégie industrielle», a fait constater le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Un aveu? Dans l'état actuel où se trouvent les entreprises algériennes, qu'elles soient privées ou publiques, cela ressemblerait à un secret de Polichinelle. L'absence de performances leur faisant cruellement défaut. Identifier et recenser les potentialités de l'économie nationale hors hydrocarbures, c'est faire preuve de réalisme. Même si certaines vérités sont amères. L'Algérie ne peut aller au-delà de ses moyens. De ce qui est possible à réaliser. C'est ce qui semblait se dégager de l'intervention du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Cela s'est passé hier. L'Union nationale des entrepreneurs algériens (Unep) a organisé une rencontre nationale sur la stratégie industrielle. Le rendez-vous a eu lieu à Alger à l'hôtel El Aurassi. Plusieurs invités y ont pris la parole et se sont succédé à la tribune. Le président de l'Unep, qui présidait la séance, M.Boualem M'rakach, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), et M.Badreddine, secrétaire national aux affaires économiques à l'Ugta. C'est en présence du secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens que ce dernier a prononcé son discours. Un message, des doléances que les pouvoirs publics semblent avoir pris en compte. Préservation de l'emploi, revenus décents, amélioration des conditions de travail, stimulation de la productivité...La Centrale syndicale ne s'est pas limitée qu'à cela. Elle propose d'élever le taux du PIB destiné à la recherche et à l'innovation. Deux facteurs-clés indispensables à la mise en oeuvre d'une stratégie industrielle. Les PME-PMI doivent, elles aussi, bénéficier d'un effort supplémentaire de développement national. «Lutter contre l'économie informelle et la spéculation», a insisté M.Badreddine. Ce qu'il a qualifié d'acte patriotique de la promotion du développement. Et tout cela dans quel but: «Pour gagner la bataille de mise à niveau des entreprises publiques algériennes.» Ce à quoi a répondu M.Temmar, qui a pris la parole après le secrétaire national de l'Ugta aux affaires économiques. «Je ne peux que confirmer mon total accord. D'ailleurs, je ne pourrais que paraphraser M.Badreddine.» Puis il poursuivit: «Nous formons un front uni, nous allons réussir la bataille de la croissance économique.» Tout baignait dans l'huile. Aucune voix discordante. Cela semblait être réglé comme du papier à musique. M.Hamid Temmar à toutefois tenu à préciser que «la stratégie industrielle n'est pas du ressort du gouvernement. Elle est entre les mains de tous». Des industriels, des ONG, des entrepreneurs publics et privés, à travers lesquelles elle est absorbée. Et au ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements d'asséner une vérité toute crue. «Nous n'avons pas de grande stratégie industrielle.» Pas de secteurs stratégiques donc. Plutôt des secteurs d'activités qui existent et qui ont les meilleures chances de réussir. La pétrochimie, la pharmacie, l'électronique, l'industrie métallurgique, les technologies de l'information. «Ces dernières peuvent permettre de doubler, voire tripler les bénéfices des entreprise», a déclaré M.Temmar qui a ajouté en substance que «l'innovation est une question centrale. Il en fait des ressources humaines une priorité. Investir dans les compétitivités, là ou l'Etat doit consentir un effort énorme». «Nos experts doivent être les meilleurs et transmettre aux autres leurs qualifications», a exigé M.Temmar. Sinon comment se défaire de la dépendance du savoir-faire étranger? De toute évidence, les défis qui attendent l'économie algérienne ressemblent aux travaux d'Hercule. Les entreprises doivent créer des activités qui n'existent pas en Algérie. L'automobile et les constructions navales en sont un prototype d'exemple. «Des pays comme l'Espagne et la Turquie y sont parvenus. Pourquoi pas nous?», s'est interrogé M.Temmar. Toute la question est là, cela ne se résume certainement pas qu'à une question de bonne volonté.