Les maquignons se sont passé le mot. «Le mouton est cédé en fonction du prix de l'orge qui est à 2 200 DA le quintal et du fourrage cédé à 600DA le quintal.» C'est le prétexte avancé par les maquignons pour légitimer la hausse des prix des ovins. Dure épreuve pour les Constantinois qui s'apprêtent, à l'instar des autres wilayas, à fêter l'Aïd El Adha. La situation est qualifiée de «gravissime» par les pères de famille. Beaucoup, dont les bourses connaissent d'ores et déjà une saignée, n'auront pas de mouton cette année. Les vendeurs en ont décidé ainsi. Le mouton ne sera pas cédé à moins de 30.000DA. Qui dit mieux? Deux fois plus que le Snmg. On ne naît pas maquignon, on le devient par l'appât du gain facile. Comme chaque année, en cette occasion, le marché voit la prolifération de maquignons d'occasion. Les prix affichés ne cessent de grimper. Les maquignons se sont passé le mot. Ce sont les mêmes prix partout au niveau de la wilaya. Des prix hors de portée de la majorité des citoyens. «Je me contenterai d'offrir aux enfants des habits neufs. Je n'ai pas les moyens pour leur offrir un mouton», a déclaré Makhlouf, un père de famille qui touche à peine 17.000DA par mois. A ses côtés, Saâd, père de famille, également, déclare: «J'attends encore un peu, dans l'espoir de voir les prix chuter.» Ce n'est pas évident à moins de vingt jours du rituel sacré. Peut-être que le scénario de l'année dernière se reproduira. Qui sait? En effet, l'année précédente, les prix du mouton ont chuté à quinze jours de l'Aïd. Le mouton a été cédé à 15.000DA la tête après avoir affiché au départ 24.000DA. En attendant, l'ambiance reste morose. Les Constantinois appréhendent la circonstance avec beaucoup de difficultés. L'événement est synonyme de grandes dépenses. Lourdes pour les petites bourses. Il y a de la crispation dans l'air. Certains noient leur chagrin dans l'attente d'une potentielle agréable surprise. L'espoir fait vivre. Laminées déjà par la hausse brutale des produits à large consommation, les familles à faible ou même à moyen revenu sont paralysées. «Allah ghaleb», c'est ainsi que réagit la majorité des citoyens. Pourtant, Constantine est incontestablement surnommée «Ville, mère des pauvres» durant des décennies. De mémoire, Constantine n'a jamais connu une telle flambée des prix. L'absence de mouvement associatif encadré par des partis et des associations crédibles a accentué davantage le malaise, perceptible, à l'oeil nu, à l'approche des fêtes religieuses. Pour les travailleurs, les fonctionnaires et les sans-emploi, il y a peu d'espoir que la situation connaisse un redressement. Les leaders politiques et syndicaux sont trop occupés à gérer leur carrière pour «frapper sur la table» en faveur du citoyen-électeur. Les élections locales se sont bien déroulées avec un taux de participation de 48%.