Les 26 pays européens sauf Chypre se sont prononcés d'une seule voix pour le futur Etat du Kosovo. La messe est dite: le Kosovo sera très bientôt indépendant. Pas cette semaine comme prévu par le peuple et les leaders kosovars, mais au plus tard au mois de mai prochain. Réunis en conclave, lundi, dans la capitale européenne, Bruxelles, les 27 ministres des Affaires étrangères de l'UE, en ont décidé ainsi. La seule différence a été dans la mise en forme de la déclaration finale. Elle laisse la porte ouverte à des discussions supplémentaires entre les pays européens pour aboutir à un accord total et global sur la reconnaissance immédiate de l'indépendance de l'ancienne province serbe dès que ses leaders l'auraient prononcée. Car, lundi à Bruxelles, hormis Chypre qui, pour des raisons de politique interne, avait émis quelques réticences, les 26 autres pays européens n'ont pas eu de difficultés à se prononcer d'une seule voix pour le futur Etat du Kosovo. Même les précautions habituelles propres au discours diplomatique en de telles circonstances ont été ignorées. L'UE reconnaîtra l'indépendance du Kosovo sans tenir compte d'une éventuelle résolution des Nations unies s'il le faut. Elle rejoint sans détour la position des USA qui, eux, ont déjà annoncé leur reconnaissance avant même que les Kosovars le déclarent officiellement. Après la «cérémonie» de ce lundi à Bruxelles, les regards se sont tournés vers Belgrade, et surtout Moscou. C'est que rien n'a changé dans les positions des uns et des autres. La Serbie n'est pas seule, elle a le soutien inconditionnel d'une grande puissance: la Russie. Cette dernière estime que l'indépendance unilatérale du Kosovo encouragera chez elle des revendications semblables en Ossétie du Sud, voire réveillera la question tchétchène...Rien n'y fait. La question du Kosovo, répliquent les Occidentaux, est particulière et a une histoire spécifique. L'Europe occidentale a été entraînée dans la récente guerre des Balkans et en a subi les conséquences. La question du Kosovo est aussi une question européenne. Les Européens rappellent qu'ils sont engagés directement, comme administrateur, au Kosovo par la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU depuis juin 1999 (Minuk). Par ailleurs, ils le sont doublement depuis l'engagement des troupes de l'Otan (KFOR) en 2002 pour la sécurisation de la province. Argumentaire qu'ils n'ont cessé d'avancer au sein de la troïka dont faisait partie la Russie ainsi que les USA. Les quatre derniers mois de pourparlers ont été un échec. C'est le constat fait (confirmé), lundi devant les ministres des Affaires étrangères, par le médiateur européen Wolfgang Ischinger. Ce qui a été étrange lors de cette veillée de Bruxelles, c'est le doute apparent entretenu autour de l'issue finale de la réunion. Il y avait une chose puis son contraire. Si Mme Ursula Plassnik, comme le Haut représentant de la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, annonçaient dans de brèves conférences de presse que les négociations avançaient difficilement, celui de la Suède, Carl Bildt, déclarait clairement que «26 des 27 Etats membres de l'Union sont prêts à reconnaître l'indépendance du Kosovo sans passer par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU». D'autres représentants d'Etats face aux revendications séparatistes de minorités chez eux, ont pris quelques précautions de langage. C'était le cas de l'Espagne, de la Slovaquie et bien sûr Chypre. Au final, le résultat ne change pas. Le Kosovo va vers une reconnaissance de son indépendance. Le terrain ainsi déblayé par les diplomates européens, le sommet des chefs d'Etats et de gouvernements qui se réunira vendredi prochain à Bruxelles, n'aura aucune difficulté à confirmer la volonté du Kosovo pour son indépendance. Reste pour l'heure la réaction de Moscou. L'Otan a déjà signifié lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères, vendredi dernier, qu'elle «ne tolérerait aucune agression ou quelconque tentative de déstabilisation du Kosovo, d'où qu'elle vienne, au moment de la proclamation de son indépendance».