L'entraîneur des Canaris doit faire valoir son autorité pour montrer que c'est lui le patron. Cela fait bien longtemps que le football algérien a perdu le nord. Si son équipe nationale ne marche pas, c'est parce que, à sa base, tout se fait de travers. Par base, on entend les clubs qui constituent le véritable socle de tout le système. A ce niveau-là, on navigue à vue et on fait comme si cela marchait bien. Il n'y a qu'à voir la frénésie avec laquelle on se débarrasse des entraîneurs pour les remplacer par d'autres qui ne sont pas forcément plus forts ou plus compétents que ceux qui partent. On se dit, que c'est normal, puisqu'on ne peut pas garder quelqu'un avec lequel l'équipe est en train d'aligner les contre-performances. Convenons qu'en la circonstance, les dirigeants du club incriminé peuvent avoir raison. Que dire, alors, de l'entraîneur que l'on veut pousser à la démission au moment où son équipe est première du classement général et sent qu'elle peut aller à la conquête du titre de champion d'Algérie? Cela arrive et c'est à la JSK que ça se passe. Bien sûr, on dira qu'il n'y a pas de quoi en faire un drame et que l'entraîneur en question, Moussa Saïb, est toujours en place. On ajoutera qu'il vient d'avoir la pleine et entière confiance de son président, Moh Cherif Hannachi. Le problème est, justement, qu'il y a eu....problème et, comme ça se passe dans le club où, normalement, tout doit se dérouler sans aucune anicroche, cela fait désordre et jette un certain discrédit sur cette JSK dont on pensait qu'elle baignait dans des eaux parfaitement calmes. Il est heureux que Moh Cherif Hannachi soit intervenu in extrémis pour ramener une sérénité qui avait tendance à fuir son club ces derniers temps. Malade, le président du club de la Kabylie, avait dû subir une série d'examens médicaux en France où il avait été hospitalisé. C'est pendant son absence, selon Saïb, que des gens, que l'on dit proches de Hannachi, mais n'ayant aucune fonction officielle dans le club, se sont sentis obligés de piétiner les plates- bandes de l'entraîneur de la JSK. On parle de quelqu'un qui aurait contacté des joueurs pour être recrutés durant le mercato sans que Saïb ne le sache. Si cela venait à se confirmer ce serait d'une extrême gravité car cela tendrait à prouver que l'entraîneur n'est qu'une marionnette installée à la tête du staff technique. C'est, hélas, une méthode très usitée dans le milieu du football algérien. De retour au pays, Hannachi a, immédiatement, apporté son soutien à son coach et lui a demandé de poursuivre sa mission. Lors de la réunion entre les deux hommes, Saïb a, certainement, dû demander à son président d'éloigner, pour de bon, ces «intrus» qui jouent le rôle de dirigeant, d'entraîneur et de recruteur. C'est, tout de même, curieux qu'une telle mise en scène se produise au moment où la JSK se retrouve en tête du classement général de la compétition de la division1. Les spéculations peuvent, dans ce cas, prétendre que l'on cherche à nuire au club et partant, à son président dont on sait qu'il n'a pas que des amis du côté de Tizi Ouzou et de toute la Kabylie. Mais, quoi qu'on en dise, Hannachi a pour lui d'avoir tenu le coup, tout en assurant à la JSK une pérennité au sommet du football algérien. Ils ne sont pas nombreux les présidents de clubs à pouvoir présenter un tel CV. Et en homme averti, comme on le connaît, il pourrait prendre les mesures adéquates pour rassurer Saïb et l'amener à travailler sans pression d'aucune sorte, surtout pas celle qui pourrait venir des dirigeants du club. L'entraîneur des Canaris qui s'est fixé pour objectif de bâtir une équipe pour l'avenir entend rester dans cette ligne sans être obsédé par l'éventualité de la conquête du titre de champion d'Algérie. «Ce n'est pas le but que je me suis fixé, disait-il récemment. Si le titre est au bout, tant mieux, sinon ce sera tant pis. Ce que je vise avant tout, c'est de donner au club une équipe d'avenir et sur ce point, le président est en parfaite communion avec moi». Le match de ce jeudi contre le CRB nous montrera si Saïb est réellement l'homme fort qu'il souhaite devenir.