Quatre portraits de femmes exemplaires qui ont contribué à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. La salle Cosmos de Riadh El Feth a abrité, mardi dernier, la projection en avant-première du documentaire Les Porteuses de feu de la reporter et réalisatrice Faouzia Fekiri qui, émue, a déclaré rester sans voix, suite aux attentats perpétrés à Ben Aknoun et Hydra, en matinée de ce 11 décembre 2007... «Je pensais que mon pays avait fini avec ces déboires. On ne nous laisse pas tranquille. Le virus ne vient pas d'ici mais d'ailleurs» a-t-elle ajouté avant de remercier toutes les femmes moudjahidate qui ont combattu pour la liberté et la dignité de tout un peuple. Entrant dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», ce documentaire produit par BFC Productions, avec la participation de France 3, donne la parole à quatre femmes, et quelles femmes! Quatre légendaires et exemplaires personnages à qui l'Algérie doit beaucoup pour tout le travail de titan, accompli durant la guerre de Libération. En 1957 à Alger, une cinquantaine de femmes, âgées de seize à vingt ans, sont engagées dans la guérilla urbaine menée par le FLN contre le colonialisme français. A la fois fragiles et cruelles, ces femmes baptisées par la réalisatrice Les porteuses de feu, sont devenues les figures emblématiques de l'épisode le plus meurtrier de la guerre d'Indépendance: la bataille d'Alger. Un épisode et pas que ça dans l'histoire de la guerre d'Algérie, devenu aussi un célèbre film et document de témoignage de haute importance qui a servi pour étayer les commentaires de la réalisatrice formulés à la première personne du singulier. Certaines, surnommées femmes Beretta, participent à des attentats à l'arme de poing, d'autres posent des bombes. Parmi elles, Zohra Drif-Bitat, qui parle de cette époque avec une précision inégalée en racontant comment elle passa à l'acte... Une autre pionnière des services secrets algériens est Fadhila Attia qui travaillait au sein du gouvernement général français de Robert Lacoste. Elle était agent de renseignements au sein du FLN. Un destin étonnant pour cette femme double qui infiltrait tous les milieux européens, profitait de son emplacement dans ce haut lieu pour transmettre un tas de documents placés «top secret», aux différentes wilayas. Une femme, hélas décédée, que la réalisatrice n'a pu filmer mais a récupéré des images d'elle et interviewé ses proches dont Hocine Saâdi. Son frère Yacef Saâdi, jadis chef de la Zone autonome d'Alger historique, qui rappela à notre mémoire la cinglante «Bataille d'Alger» et comment des hommes et des femmes ont sacrifié leur vie pour arracher chèrement l'Indépendance. Une autre femme, Fatima Loudarene dite Louiza, dira comment elle est devenue «enragée» après avoir été enprisonnée, et assisté à des tortures d'individus entièrement dénudés. Sa volonté de résister et de lutter pour la liberté de l'Algérie ne fera qu'accroître après. Enfin, Fattouma Ouzguène expliquera comment à la mort de son mari, elle a dû prendre en charge la réorganisation politique et logistique des différentes wilayas du pays. Le documentaire interroge aussi l'ex-adjudant dans l'armée française, Raymond Cloac qui témoignera, impressionné par la grandeur de ces femmes combattantes. Un film bien émouvant qui s'est achevé par une salve de youyous nourris lancés par les femmes présentes dans la salle. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, offrira un bouquet de fleurs aux deux moudjahidate présentes tout en les saluant pour leur courage et leur oeuvre révolutionnaire. Un travail de qualité qu'a présenté Faouzia Fekiri, cette native de Ténès, ayant fait ses armes en journalisme en France et suivi une belle carrière d'abord dans la presse écrite (VSD, Jeune Afrique, Quotidien d'Oran..) puis à la radio (RFI, Radio Canada..), ensuite à la télévision comme reporter de guerre (l'Irak et la Palestine), mais aussi reporter pour le compte de France 2 et France 3, pour des émissions comme Envoyé spécial, Zone Interdite, La marche du siècle...Faouzia Fekiri a par ailleurs, reçu de nombreux prix pour le méritant travail qu'elle a effectué au cours de sa carrière.