Le résultat de ces contacts ne pourrait être matérialisé sans la caution incontournable d'un Aït Ahmed qui a gardé une vision affûtée de la situation politique. Le FFS va-t-il revoir sa position? C'est ce que pourraient suggérer des contacts secrets qui seraient en train d'être menés par des personnalités politiques proches du pouvoir avec des cadres dirigeants du FFS. L'objectif est de fixer définitivement les exigences du parti d'Aït Ahmed qui avait, pourtant, annoncé officiellement son boycott des élections législatives du 30 mai prochain. Le pouvoir serait prêt à examiner plus en détail les revendications déclinées par Ahmed Djeddaï, aussi bien celles contenues dans le mémorandum que celles concernant les garanties pour la tenue d'élections régulières qui satisferaient l'opposition. Sur ce plan, des observateurs politiques avertis estiment que l'une des concessions majeures que pourrait faire le pouvoir, consiste en une suspension de l'état d'urgence, voire sa levée. Le sujet n'est plus tabou au sein des hautes instances de l'Etat depuis que le directeur de cabinet de la présidence, Larbi Belkheir, l'a abordé lors de son entretien avec le quotidien français Le Monde, indiquant même qu'il ne voyait pas l'utilité de son maintien, mais tout en exprimant une position personnelle. L'autre aspect des tractations en cours serait la libération du champ politique et médiatique comme exigée depuis des années par le FFS. L'émission de la télévision nationale qui devait être un prélude à cette ouverture, en cas d'annonce favorable de participation, s'est transformée en une tribune pour Djeddaï en faveur du boycott. Il est évident que la prestation efficace du secrétaire national du FFS n'a pas été appréciée dans la mesure où le résultat escompté devait être un appel à la participation au scrutin du 30 mai. Le pouvoir pourrait éventuellement utiliser ce passage télévisé comme un argument d'ouverture à des opposants du FFS qui le réclamaient depuis longtemps. Reste à savoir pourquoi le FFS pourrait encore négocier? La note historique d'Aït Ahmed sur les ârchs, qui avait déjà balisé le terrain, sous la forme d'une attaque violente, est un signe de la vision contradictoire que possède le FFS sur la situation en Kabylie. Toute la Kabylie, il est vrai partagée entre pro et antiélections, retenait son souffle dans l'attente de la décision du FFS. Sachant qu'il allait faire obligatoirement des déçus, le FFS a annoncé un boycott mou, supporté par une «dissidence citoyenne» dont le contenu ne s'est pas encore cristallisé. Cette forme hésitante reflétée par des contorsions politiques d'un Djeddaï qui savait la gravité de la chose, a fini par nourrir des spéculations sur l'aspect définitif ou non de cette décision. Il n'en demeure pas moins qu'au sein du FFS, certaines voix continuent de prétendre que le parti aura raté une opportunité historique de participer à des élections qui lui auraient garanti, cette fois-ci, une présence importante sur les bancs de l'APN. Le FFS, qui aspire à une dimension nationale et étant convaincu qu'il aurait raflé la majorité des sièges dans les trois wilayas de la Kabylie, aurait certainement voulu en avoir davantage, et même s'étendre en termes de répartition géographique. Le souci de paraître comme un parti à dimension nationale, est de ce fait, un des points d'achoppement de tractations que le FFS s'empressera vite de démentir, comme à son habitude. Le résultat de ces contacts ne pourrait être matérialisé sans le consentement et la caution incontournables d'un Aït Ahmed qui a gardé une vision affûtée de la situation politique. Cette vision recommande au FFS de ne pas hypothéquer un avenir ambitieux au Parlement, surtout que le frère ennemi du RCD est en dessous du seuil tolérable de la survie politique. Sur ce plan, l'envoi d'un émissaire d'un haut rang à Lausanne n'est pas exclu, selon les observateurs, surtout que la note d'Aït Ahmed, même si elle est critique à l'égard du pouvoir, l'est davantage à l'égard des ârchs dont la protestation pose le véritable obstacle à l'organisation des élections en Kabylie.