Après la psychose, élèves, étudiants et enseignants auront du mal à reprendre les cours. Vingt-quatre heures après le double attentat terroriste, le choc demeure. Elèves, enseignants, agents du CEM Chakib-Arslan sis à Ben Aknoun, sont toujours sous le choc. L'école située juste derrière la résidence des magistrats a fermé hier ses portes. Les cours sont interrompus jusqu'à samedi prochain. L'horreur vécue dans la matinée de lundi. L'endroit, d'habitude vivant, est déserté. 11h30. Dehors, c'est le vide. Ni élèves, ni chaînes de véhicules, la voie est libre. On se croirait en période de vacances. Une psychose perceptible s'est installée. Quelque chose d'anormal s'est produit. Effectivement. Cet établissement scolaire a été touché de plein fouet par l'explosion ayant ciblé le Conseil constitutionnel, lundi. Les élèves ont frôlé la mort. «J'étais en cours de musique lorsque la bombe a explosé, faisant éclater les vitres de la classe», raconte Chafik, élève de 4e année moyenne. Croisé à l'entrée de l'établissement, cet adolescent de 14 ans, accompagné de sa mère, est venu s'informer sur la reprise des cours. Interrogé sur les scènes vécues après l'explosion, notre interlocuteur a du mal à trouver ses mots. Selon lui, les bris de verre des vitres ont causé des blessures à plusieurs élèves. «Les blouses blanches sont devenues complètement rouges», raconte-t-il pour illustrer l'image. La mine défaite, Chafik ne souffre d'aucune blessure corporelle, certes. Mais l'effet du choc est visible sur son visage. Je croyais que c'était la fin du monde. «Cette scène restera à jamais gravée dans ma mémoire», affirme Hayat, 12 ans, venue se renseigner sur la reprise des cours en compagnie de Nawal, sa camarade du même âge. «Les cris des élèves résonnent toujours dans mes oreilles», raconte sa copine. Même scène vécue par les enseignants et les agents de l'administration. Un professeur d'éducation physique, qui a assisté au drame, nous livre sa version. «C'était effroyable, j'étais en cours de sport avec mes élèves sur le terrain qui se trouve juste à quelques mètres du lieu de l'attentat», relate-t-il. «Je me demande comment on a pu nous en sortir indemnes», ajoute-t-il. Mis à part plusieurs blessés, aucun mort n'est à déplorer au niveau de cette école. Mais les dégâts sont énormes. Des vitres, des portes et même des murs ont été endommagés. Selon un agent de l'école, toutes les classes sont endommagées. Certes, les dégâts ne sont pas considérables sur le plan matériel, mais les séquelles sont importantes sur le plan psychologique. Après un tel drame, beaucoup d'élèves auront du mal à reprendre les cours. Même situation au niveau du lycée international de Ben Aknoun. Pour les autres établissements, ils ont poursuivi les cours normalement. Les étudiants de la faculté de Ben Aknoun sont toujours sous le choc. La grève observée a tourné au deuil. La discussion est focalisée beaucoup plus sur l'attentat que sur le mot d'ordre. Chacun raconte sa version des faits. La question des chiffres suscite beaucoup d'interrogations. «Il y a combien de morts en réalité?», se demandaient, sans cesse, les uns et les autres.