«L'importation est une fatalité pour notre pays.» Cet aveu d'échec de la politique alimentaire nationale émane du directeur général de la régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce. Intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale, Ouali Yahyaoui a reconnu que l'Algérie est dépendante des importations en matière de produits de large consommations. D'autant que la facture en devises pour les produits alimentaires atteindra, à la fin de l'année, 4,5 milliards de dollars, a-t-il souligné. Et de préciser que «les blés dur et tendre vont coûter au pays une ardoise d'un peu plus de 1,3 milliard de dollars». Plus explicite, Ouali Yahyaoui a affirmé: «Si nous prenons le cas des céréales, nous avons une production des blés dur et tendre qui se situe, bon an mal an, aux environs de 20 millions de quintaux avec des niveaux de rendement qui se situent entre 11 et 12 quintaux à l'hectare. Donc, nous ne sommes pas en mesure de répondre à la demande nationale qui se situerait aux environs de 65 millions de quintaux.» Abordant le sujet de la semoule, l'invité de la Radio a révélé que l'Algérie «consomme entre 23 et 24 millions de quintaux par an et que 70% de ces quantités transformées à partir de céréales, sont totalement importées dès lors que les besoins du marché national en blé dur sont estimés sur la base d'un taux d'extraction à 34,2 millions de quintaux et la production nationale ne permet pas de répondre de manière globale à la couverture de ce besoin, d'où le recours à l'importation». Et oui, l'importation s'impose. Fatalité quand tu nous tiens. L'urgence consiste donc à encourager la production de ces produits au lieu de les importer. Sur ce point, le responsable au ministère du Commerce déclare que des mesures appropriées, à soumettre éventuellement au gouvernement, font actuellement l'objet d'un travail d'analyse. «Ce sera soit la compensation des produits en amont ou en aval, soit l'exonération des droits et taxes, soit la mise en place d'un fonds de stabilisation des prix», a-t-il souligné. Et de préciser que «le fait de ne pas disposer d'un instrument de régulation, une caisse de stabilisation des prix pour permettre d'intervenir en temps réel, crée logiquement une situation de détresse». Pour faire face à cette détresse, il avance que son ministère a proposé, dans cette perspective, la mise en place, dans le cadre des dispositions légales, d'un fonds de stabilisation des prix qui jouera un double rôle. Ce fonds permettra, lorsqu'il y a une tendance baissière des cours mondiaux, de prendre les surplus et de les engranger et lorsqu'il y a une tendance haussière sur les mêmes cours, d'intervenir en temps réel pour éviter aux consommateurs les répercussions négatives.