L'écart se creuse entre les membres de la coordination de wilaya des comités citoyens. «Un groupe d'individus sans scrupules appartenant à une secte dangereuse vient de s'attaquer aux membres du CCM dans une déclaration publique.» Les termes acerbes sont compris dans la dernière déclaration transmise depuis M'chedallah le 6 avril à notre rédaction. La dissension, qui a prévalu depuis l'arrestation des principaux animateurs en charge de la coordination des comités citoyens de Bouira, prend une autre proportion. A l'origine, la déclaration d'un animateur à un quotidien national arabophone par téléphone et dans laquelle il déclare, au nom du CCM, se démarquer de toute action entérinée dans un lieu secret et refuser le recours à la violence et à la clandestinité. Cette déclaration n'aurait apparemment pas été au goût de ceux qui ne partagent pas ce point de vue. Les faits, qui auraient précipité les choses, datent du conclave de Raffour mercredi dernier quand trois animateurs de M'chedallah, Kacimi Hakim, Toumi Mahmoud et Rachid Aoudia ont refusé de s'inscrire dans les actions édictées et retenues par les conclavistes notamment en ce qui concerne la marche de jeudi à M'chedallah et les actions à venir demain prochain sur la RN 5. Jeudi, une déclaration publiée par le reste des membres de la CCWB s'en prend aux trois délégués qu'elle accuse de trahison et d'être des pseudodélégués. Pour l'histoire, Kacimi avait présidé les deux conclaves interwilayas abrités par M'chedallah. Depuis la vague d'arrestations qui a touché cinq délégués, la coordination des comités citoyens s'est scindée en groupes partisans d'une intensification extrême des actions et en une aile appelant au calme et à la raison. Cette dernière est prônée par les trois responsables de la C.C M'chedallah. «...Le CCM décide de donner une réponse à leur chef spirituel car il estime qu'ils (ndlr le reste de la coordination) agissent sous injonction...». Ce passage tiré de la déclaration définit la rigueur de l'écart qui sépare désormais les antagonistes dans cette guerre interne. Même si dans la déclaration, les initiateurs reviennent sur la «plate-forme d'El-Kseur, la sauvegarde du caractère résolument pacifique du mouvement, la consolidation des liens entre Algériens là où ils sont», véritables objectifs du mouvement, elle ne cache pas le divorce désormais consommé entre les membres de sa composante et l'émergence des rivalités jusque-là secrètes par intérêts avoués ou inavoués. L'autre fait qui confirme cet état d'esprit reste l'inertie qui caractérise toutes les autres régions jusque-là actives et mobilisées autour des revendications depuis l'avènement du printemps noir. Depuis l'emprisonnement des animateurs, Haïzer, une daïra où tout a commencé en avril dernier, connaît le calme malgré la grève décrétée hier par les lycéens qui revendiquent la libération de leur enseignant d'anglais Chaâbane Méziane. La même action a été observée à Raffour pour demander la libération de Bounadi Oualaid. Avec ce conflit, le mouvement va droit vers l'effritement et devient une proie facile aux convoitises des intentionnés.