Le rapport est sans complaisance en ce sens qu'il prévient contre une «explosion sociale». Maître Farouk Ksentini, président de la Commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Ccppdh), a fait un sévère réquisitoire quant à la situation sociale que vit le citoyen algérien. Ces déclarations d'un spécialiste démontrent que notre pays, en dépit de la ratification de plusieurs conventions internationales, demeure «un apprenti.» Présentant le rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie, Me Ksentini a tenu à préciser que ce même citoyen est privé de ses droits les plus élémentaires. Les difficultés dans la scolarisation, a souligné le président de la Ccppdh, ainsi que dans la santé et l'acquisition de logement ont été mises en exergue. Pis encore, le rapport annuel a évoqué la prolifération du nouveau phénomène dont sont victimes des milliers de jeunes Algériens: les harragas. Situation sociale oblige, des jeunes à peine la fleur de l'âge tentent le tout au détriment de leur vie aux fins de vivre sous d'autres cieux, plus cléments. Cependant, leurs tentatives se transforment toujours en drame. Dans ce contexte, il convient de préciser que ce phénomène social qui menace l'Algérie a été l'un des points sur lesquels le président de la République a, dernièrement, longuement insisté. Le quotidien arabophone El Khabar a noté que ce rapport est axé sur le volet des droits sociaux. Plus explicite, Me Ksentini a précisé que le rapport tire la sonnette d'alarme. Il prévient contre «une explosion sociale» qui est le résultat d'une somme de difficultés où se «noie» le citoyen. D'autre part, le magistrat a déclaré, en termes clairs, qu'il n'est pas en train de culpabiliser des responsables, mais il prévient contre les retombées sur la situation globale du pays. De ce fait, Me Ksentini estime que le moment est opportun, voire urgent, de «songer» aux mesures nécessaires qui répondent au ras-le-bol des citoyens. Selon le même responsable, le rapport sur les droits de l'homme en Algérie appelle à des solutions concrètes pour la prise en charge de la jeunesse, et explique le retard de la remise du rapport, par l'apparition de nouveaux aspects. Ces derniers ont trait aux revendications d'une organisation défendant les droits des familles des disparus. Cette organisation a jugé inacceptable la ségrégation observée entre les victimes de la tragédie nationale. Et de poursuivre que l'Etat accorde plus d'importance aux victimes des deux derniers attentats perpétrés à Hydra et à Ben Aknoun, au détriment de ces familles. Dans cette optique, l'organisation appelle les autorités à s'occuper de cette minorité ayant perdu des membres de leurs familles lors de la tragédie nationale. Cet aspect a prévalu dans la rédaction du rapport. En outre, ce dernier inclut d'autres axes dont la réforme «satisfaisante» de la justice, contrairement aux derniers rapports où ce secteur a été pointé du doigt. L'état dans lequel se trouvent les prisons algériennes, un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre, les droits des journalistes, le Code de la famille ainsi que le projet de la Charte pour la réconciliation nationale sont les autres points importants du rapport.