Le voyage du président se présente comme le point de départ pour une nouvelle mandature. Par la tournée dans le Sud, entreprise à partir d'aujourd'hui, le président Bouteflika a repris son bâton de pèlerin pour poursuivre l'inspection des chantiers qu'il a mis en branle ces dernières années. Des chantiers programmés dans le cadre de l'équilibre régional, notamment ceux consacrés aux Hauts-Plateaux et pour les régions du Sud. La mise à niveau de ces deux grandes régions du pays, quelque peu délaissées, lui tenait particulièrement à coeur d'autant plus que, s'agissant du Sud, il est question d'une région qui, quoique ayant bénéficié de plusieurs programmes spéciaux, n'en reste pas moins encore loin de la norme ce qui, d'ailleurs, incita le locataire du palais d'El Mouradia à peser de tout son poids afin d'accélérer les choses. Or, les possibilités de développement des régions de Tamanrasset et d'In Salah notamment, sont énormes en rapport avec les possibilités énergétiques et minières existantes ou pré-existantes qui disent la grande marge de croissance qui est la leur. Parmi ces chantiers, il faut relever le projet colossal de transfert d'eau de la région d'In Salah vers Tamanrasset, sur 750km, pour lequel des dizaines de milliards de dinars ont été mobilisés. Outre ses nappes phréatiques, la région d'In Salah dispose également d'énormes gisements de gaz sur lesquels travaille la société Sonatrach en coopération avec la firme britannique BP. C'est dire que les possibilités de développement du Sud sont réelles, pour peu que la volonté politique existe et qu'il y ait un suivi pour la mise en oeuvre des programmes déjà définis. La tournée du président Bouteflika à Tamanrasset entre de toute évidence dans cet ordre d'idées consistant à donner au Sud les moyens techniques, matériels et financiers capables de dynamiser, notamment, son énorme potentiel touristique. Le voyage du président Bouteflika à Tamanrasset peut également avoir une connotation politique en ce sens que le chef de l'Etat aurait ainsi choisi le Sud pour lancer sa campagne pour un troisième mandat. Postulat d'autant plausible que la révision de la Constitution, qui n'était jusqu'ici qu'un principe, est maintenant effectivement prise en charge par une commission nationale pour son amendement. Certes, un lifting assez sérieux de la loi fondamentale est, dit-on, prévu, ce qui laisse augurer qu'outre l'actualisation de certains articles, en fonction de l'évolution du pays, les jours du fameux article 74 qui limite la charge présidentielle à deux mandats, semblent comptés. D'aucuns n'ont d'ailleurs pas hésité à estimer que le chef de l'Etat -du moment que la révision de la Constitution est acquise- entame d'ores et déjà son ascension vers un troisième mandat. Les jours et semaines à venir nous éclaireront sans doute un peu plus sur cette question. D'autant plus que le remaniement du gouvernement annoncé imminent -vers la mi-janvier- conforte la conviction de ceux qui voient en M.Bouteflika, le président de la continuité alors qu'un troisième mandat lui permettra de parachever les réformes mises en chantier, outre la finalisation des grands travaux comme l'autoroute Est-Ouest ou la construction du million de logements et des grands barrages.