Faut-il attendre que le président de la République annonce son déplacement sur le site d'un chantier pour que celui-ci connaisse, enfin, une accélération de la cadence des travaux ? La question mérite d'être posée, si l'on constate les énormes retards enregistrés dans la réalisation des grands chantiers lancés depuis 1999. Les visites ministérielles sur les chantiers n'ont pas eu les effets escomptés, en dépit des multiples mises en garde et autres avertissements lancés par certains ministres à l'égard des entreprises de réalisation. Des chantiers gigantesques, comme l'autoroute Est-Ouest, celui du métro, ou encore l'alimentation en eau potable de Tamanrasset à partir de In Salah, ainsi que les différents chantiers de réalisation de stations de dessalement et de centrales électriques, la modernisation du rail, le programme de un million de logements, les dizaines d'universités, le programme spécial Hauts-Plateaux et tant d'autres projets lancés en grande pompe, accusent beaucoup de retard et ni les walis ni les ministres respectifs n'ont su imposer aux entreprises de réalisation le respect des délais et des conditions comprises dans les cahiers des charges. Les retards se sont notamment accumulés durant le passage de Abdelaziz Belkhadem à la tête du gouvernement où l'Exécutif était entré dans une sorte d'hibernation. Le retour aux affaires de Ahmed Ouyahia a quelque peu secoué le cocotier, mais force est de reconnaître que le président Bouteflika a dû s'investir personnellement pour voir les projets qu'il avait lancés enfin concrétisés. Même si d'aucuns arguent que le président avait pris le soin de concentrer tous les pouvoirs à son niveau, il n'en demeure pas moins que le pays, depuis les ennuis de santé du président en 2006, avait sombré dans un état de léthargie désespérant, au point où beaucoup semblaient se complaire dans cette situation de blocage et d'incertitude. Le chef de l'Etat avait fait, ce samedi, son mea-culpa, devant les élus locaux, au sujet de certains choix adoptés et qui ont induit des effets inverses. Il joint la parole à l'acte, en reprenant son bâton de pèlerin et en tenant à ce que ses engagements soient respectés. Reste à savoir si cette dynamique sera suivie par le gouvernement et les walis ou restera une exclusivité présidentielle. Azzeddine Bensouiah