La demande de pétrole brut pourrait connaître un sérieux recul. Le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a fait part de ses inquiétudes si la crise économique et financière aux Etats-Unis venait à s'aggraver. Cela devrait compromettre sans aucun doute la demande mondiale de pétrole brut. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, s'est montré préoccupé par un tel scénario. «Nous suivons avec intérêt l'évolution de cette crise qui pourrait, si elle venait à toucher l'Europe et le reste du monde, entraîner une régression du développement de l'économie mondiale», a déclaré à la presse, M.Khelil, lors de sa visite à Oran. Il a ajouté en substance «une chute de l'économie mondiale entraînera un recul de la demande de pétrole et influera sur le niveau du cours du brut». Quand on connaît la fragilité de l'économie algérienne, il y a de quoi s'alarmer. Les exportations en hydrocarbures constituent 98% des recettes en devises. Une chute brutale des cours de l'or noir, serait fatale à l'économie nationale. Un scénario alarmiste certes mais qui demeure dans le domaine du possible. Une autre hypothèse qui est au demeurant très plausible se profile. L'analyse de M.Chakib Khelil ne serait-elle pas une réponse aux sollicitations américaines et des autres pays consommateurs de pétrole? En effet, l'Opep subit des pressions de plus en plus vives pour augmenter sa production. M.Chakib Khelil présidera la prochaine réunion de l'organisation, qui se tiendra le 1er février 2008 à Vienne en Autriche. Sa position est connue. «Le marché est suffisamment approvisionné», a souvent répété M.Chakib Khelil. Et ce n'est certainement pas dans la conjoncture qui s'annonce qu'une décision de hausse substantielle de la production de l'Opep sera prise. Le marché pétrolier a été fortement chahuté. Les prix de l'or noir ont connu deux replis consécutifs ce jeudi à New York. Le baril de pétrole a clôturé sous la barre des 94 dollars. Le «Light Sweet Crude» a terminé la séance à exactement 93,71 dollars. Une perte de 7% par rapport à son record historique des 100,09 dollars. La peur d'une réduction de la demande pointe à l'horizon. Il est à craindre un ralentissement des économies des pays gros consommateurs de pétrole. Ce qui risque de peser sur la demande de l'or noir. Les échos qui nous parviennent d'outre-Atlantique ne sont, en effet, guère rassurants. Les analystes de la banque Goldman Sachs avaient affirmé que «les Etats-Unis étaient en train de tomber dans la récession». Ils récidivent pour le Japon, troisième pays consommateur de pétrole. Leurs estimations de croissance économique pour le pays du Soleil Levant sont revues à la baisse. John Kilduff, analyste de MAN Financial confirme: «Les signes d'un ralentissement de l'économie continuent de s'accumuler», a-t-il souligné. Constat. L'économie des Etats-Unis tousse. Et toute la planète tremble. N'est pas puissance mondiale qui veut. L'économie américaine justifie son titre de locomotive de l'économie mondiale. Serait-elle à bout de souffle? Omniprésent dans tous les conflits de la planète (Afghanistan, Moyen-Orient, le nucléaire iranien...), elle est embourbée jusqu'au cou en Irak. Cela nécessite l'injection de capitaux financiers considérables. L'arrivée sur le marché mondial du géant chinois mais aussi de l'Inde, du Brésil et de certains pays émergents du Sud-Est asiatique (Corée du Sud, Vietnam...) ont remis en question le leadership américain. L'économie de marché a-t-elle atteint ses limites tout simplement? Ce ne sont pas les économistes de formation marxiste qui seraient surpris. Le capitalisme aurait-il programmé sa propre mort? De crise en crise cyclique, il court à son dépérissement. Sommes-nous déjà plongés dans cette phase qui, selon ces théoriciens, serait irréversible? Le capitalisme mondial serait entré en crise. La place n'est plus au débat, il y va de l'avenir de l'humanité.