Ce qui n'était qu'un contrôle d'identité s'est vite transformé en interpellation. La ville de Sidi Aïch s'est vidée hier matin en quelques minutes. La tension qui a baissé au petit matin n'était qu'éphémère. Les écoliers qui rebroussaient chemin et les commerces qui baissaient rideau annonçaient une imminente reprise des affrontements. En quelques minutes, des groupes se formaient autour de l'édifice du commissariat. Pendant que des dizaines d'émeutiers arrosaient le bâtiment de divers projectiles, les gens ne parlaient que des arrestations opérées la veille. C'est l'incompréhension totale! Beaucoup n'ont pas manqué de soulever une contradiction dans les agissements des services de sécurité. La colère était, hier, mêlée à la surprise. On s'interrogeait principalement sur le pourquoi de ce «deux poids, deux mesures». En effet, les citoyens n'ont pas omis de relever les deux traitements opposés réservés à la marche de mercredi dernier et à la réunion de dimanche soir. La psychose des interpellations était difficile à cacher chez les nombreux citoyens de la ville et ses environs. Surtout chez les jeunes qui, dans leur majorité, ont pris part aux émeutes au moins une fois. L'interpellation de douze citoyens dont plusieurs délégués de la coordination interquartiers de la ville de Sidi Aïch, a été à l'origine des troubles qui continuent encore à secouer cette localité de la Soummam. Ils étaient en pleine réunion au siège de la coordination, lorsque des policiers, munis d'une liste nominative, ont fait irruption dans la salle de réunion vers 19h dans la soirée de dimanche. Ce qui n'était qu'un contrôle d'identité s'est vite transformé en interpellation. Les 12 interpellés ont été, dans un premier temps, conduits au commissariat de la ville où ils ont été auditionnés avant d'être transférés vers minuit trente à celui de Béjaïa où ils se trouvent encore. Ce coup de force des services de sécurité n'a pas manqué de provoquer des émeutes dans l'heure qui a suivi l'interpellation. La nouvelle s'est propagée, telle une traînée de poudre aux localités environnantes. Des dizaines de jeunes ont alors assiégé le commissariat de la ville pour exiger la libération des interpellés. Devant l'intransigeance du commissaire, les affrontements se sont poursuivis jusqu'au petit matin. Après une accalmie de quelques heures, saisie par la population pour souffler et s'approvisionner, la tension a repris de plus belle. En début d'après-midi, une déclaration a été rendue publique par la coordination de Sidi Aïch, dans laquelle les délégués encore en liberté considèrent les arrestations comme «un kidnapping de citoyens» en promettant de «se ressourcer à chaque fois que c'est nécessaire pour continuer le combat pacifiquement». Dans le même document, les rédacteurs dénoncent et condamnent énergiquement «ces pratiques dignes des tontons macoutes» avant d'exiger «la libération immédiate de tous les détenus» et d'assurer leur famille d'une solidarité sans faille.