Huit mois ont suffi aux autorités françaises pour expulser 13.000 étrangers en situation irrégulière. Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, passe à l'acte. La machine répressive mise en branle à l'encontre des sans-papiers, est en pleine action. Ainsi, huit mois ont suffi aux autorités françaises pour expulser 13.000 étrangers en situation irrégulière. Soit un peu plus d'un millier par mois. Les chiffres avancés, vendredi dernier, par Sarkozy lui-même, attestent de la force de frappe dont le ministre français de l'Intérieur compte user. Par sa forte concentration dans ce pays, la communauté maghrébine en situation irrégulière est la plus touchée par ces mesures. Et dans ce flux migratoire, les Algériens occupent une bonne place. Tout porte à croire ainsi qu'une grande partie de ces expulsés sont partis de notre pays. Ils sont des milliers à être expulsés et le chiffre ne cesse d'être revu à la hausse. D'autant plus que le nombre cité plus haut ne concerne que les huit premiers mois de l'année en cours. Donc, jusqu'au mois de décembre prochain, quelques milliers d'expulsés algériens seront attendus. Les Algériens sont-ils indésirables sur le sol français? Une question à laquelle les spécialistes, et parmi eux les politiques, n'arrêtent pas de porter des réponses aussi diverses que troublantes. Toutefois, une chose doit être soulignée ici: ces mesures s'inscrivent dans le cadre de la politique de l'immigration adoptée par le gouvernement français. Celle-ci consiste à sélectionner les émigrés à régulariser, notamment les cadres universitaires, chercheurs. C'est-à-dire la matière grise. Ainsi donc, le gouvernement Sarkozy ne semble pas près de suspendre ces mesures qui ne font qu'accentuer la situation déjà déplorable de ceux qui sont en résidence régulière. Pis encore, Sarkozy réclame l'accélération de ces expulsions. Il a même fustigé les préfets de n'avoir pas pu atteindre l'objectif escompté. «Je vous ai demandé au minimum 23.000 éloignements d'étrangers en situation irrégulière cette année.» Mais le compte n'y est pas. En huit mois, seulement «56% des objectifs ont été atteints» avec 12.849 expulsions et de grandes disparités selon les départements. Pour rappel, le ministre français de l'Intérieur a fixé un plancher de 23.000 expulsions en 2005. Il a en outre demandé aux services de police d'accentuer l'effort afin d'atteindre cet objectif. Cependant, les organisations militant pour la régularisation des sans-papiers ne comptent pas pour autant baisser les bras. Cela, en dépit des directives adressées par le département de Sarkozy aux préfets, leur demandant de «résister aux pressions de collectifs ou coordinations qui ne représentent qu'eux-mêmes» et d'«utiliser toutes les marges de manoeuvre autorisées par la loi». Le ministre français de l'Intérieur a aussi indiqué que le nombre de demandeurs d'asile déboutés par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et la commission des recours «pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliers dans les mois à venir». «Les déboutés du droit d'asile n'ont pas droit à l'hébergement dans les centres d'accueil de demandeurs d'asile. Leur vocation est de quitter le territoire», a-t-il également dit, estimant que «la Cour européenne des droits de l'homme n'a jamais reconnu un quelconque droit de chacun à mener sa vie familiale comme où bon lui semble». Diverses associations ont reproché à M.Sarkozy de vouloir remettre en cause le regroupement familial qui permet aux travailleurs émigrés de faire venir leurs familles en France, ce que réfute le ministre. Il a également cité huit pays «non coopératifs» en matière de délivrance de laissez-passer permettant les expulsions, à qui la France pourrait, en rétorsion, limiter le nombre de visas de court séjour : Belarus, Cameroun, Egypte, Géorgie, Guinée, Pakistan, Serbie-Monténégro et Soudan. Toutefois, selon les observateurs, ce genre de mesures est susceptible d'accentuer le phénomène de l'immigration clandestine. C'est, en effet, en limitant le nombre de visas octroyés que ce phénomène prend de l'ampleur. Ainsi, venir aujourd'hui et demander aux pays de la rive sud de la Méditerranée de redoubler d'efforts dans la lutte contre l'immigration irrégulière est presque un non-sens. Dans cette optique, les pays partenaires méditerranéens ont appelé, vendredi, lors d'un séminaire qui a eu lieu à Rabat, au Maroc, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce), à s'impliquer plus efficacement dans la coopération en matière de migration entre les pays de la rive sud et nord de la Méditerranée, dans le cadre du processus des 5+5, indiquent des délégués. Pour le représentant algérien, M.Oualid Chérif, «la problématique migratoire nécessite un traitement global embrassant aussi bien la circulation des personnes, la protection des droits des émigrants légalement établis, que la lutte contre le racisme et la xénophobie». En définitive, une chose est désormais claire: c'est seulement par une coopération bien fondée entre les pays touchés que les retombées néfastes du phénomène de l'immigration clandestine seront diminuées.