Que fait la communauté internationale alors qu'Israël maintient, pour le cinquième jour consécutif, le blocus sur la bande de Ghaza, peu à peu étouffée par les pénuries? Justifiant l'isolement du territoire palestinien, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a affirmé hier qu'«Israël ne fournira que le strict minimum» au territoire, tant que celui-ci «sera sous le contrôle des islamistes de Hamas». Ce n'est, certes, pas demain que le mouvement de Khaled Mechaal va abandonner la partie. Aussi, Israël, qui a des obligations envers les populations palestiniennes en tant que puissance occupante, est ainsi prêt à assassiner froidement 1,5 million de personnes, sous prétexte de faire cesser les tirs de roquettes sur le sud de l'Etat hébreu. Or, une grave crise humanitaire menace la bande de Ghaza, quasi abandonnée par la «communauté internationale» qui regarde ailleurs, en ces moments cruciaux pour les Palestiniens, pour ne pas avoir à condamner les forfaits de l'Etat hébreu dans les territoires palestiniens occupés. Résumant la situation, Christopher Gunness, porte-parole de l'Agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa), a indiqué hier: «Si vous vivez dans la crainte de ne pas pouvoir nourrir vos enfants ou leur donner un bain chaud et que vous êtes privés des produits de première nécessité, c'est que vous faites face à une crise humanitaire», déplorant ainsi «une situation humanitaire désespérée qui se détériore à un rythme alarmant». Parallèlement au blocus, Israël mène, depuis le 15 janvier, des actions militaires combinant attaques et raids sur la bande de Ghaza, avec comme résultat la mort d'une quarantaine de Palestiniens et plus d'une cinquantaine d'autres, blessés, cela dans l'objectif de faire cesser les tirs sur Sredot. Que fait donc le monde, cette «communauté internationale» et ces ONG qui observent un mutisme insolite alors qu'Israël dans ses tristes oeuvres agit dans l'impunité totale? L'Occident, qui s'est autoproclamé gardien des faibles et du droit international, plutôt embarrassé est, en fait, impuissant à appliquer à Israël les lois internationales qu'il brandit au visage de tout Etat qui les transgresse, refusant de condamner ou même de faire pression sur l'Etat hébreu afin que celui-ci cesse ses exactions contre le peuple palestinien. Pour des raisons différentes, les Arabes sont tout aussi impuissants à venir en aide aux Palestiniens. Dans un appel téléphonique au Premier ministre israélien Ehud Olmert, le président égyptien, Hosni Moubarak, a «souligné, indique l'agence égyptienne Mena, la nécessité de mettre un terme à l'agression israélienne contre le peuple palestinien». On peut se demander, dès lors, pourquoi Le Caire, qui s'inquiète tant du sort des Palestiniens, ne prend pas l'initiative de rouvrir la frontière avec la bande de Ghaza -du côté de Rafah, limitrophe avec l'Egypte- fermée depuis 2005. De fait, des centaines de Palestiniens, dont des responsables du Hamas, ont manifesté hier à Rafah pour exiger la réouverture de la frontière au moment où la bande de Ghaza est totalement bouclée par Israël. Rien de cela n'est en réalité envisagé, les délégués permanents auprès de la Ligue arabe choisissant plutôt de se réunir (hier) en urgence au Caire pour palabrer du blocus imposé par Israël quand l'action s'impose. Selon le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Hilli, il sera demandé à la «communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il lève son blocus». En guise d'action, les Arabes laissent à ceux-là même qui «comprennent», s'ils n'encouragent pas, l'extrémisme d'Israël de faire pression sur l'Etat hébreu...Or, dans la bande de Ghaza, où l'unique centrale électrique est depuis dimanche à l'arrêt faute de carburant, 1,5 million de personnes se sont retrouvées plongées dans le noir, alors que la crise humanitaire se fait plus menaçante. Le danger est d'autant plus pressant que les hôpitaux de la bande de Ghaza ne disposent plus que de stocks de fuel pour deux à trois jours, selon une déclaration de la porte-parole de la Croix-Rouge de Jérusalem, faite hier, alors que, selon la même source, les réserves de médicaments ont fortement baissé. C'est dire l'urgence d'une intervention de l'ONU dont l'une des responsabilités reste la protection des peuples soumis à une occupation étrangère. Ce qui est le cas du peuple palestinien, alors que se pose la question de savoir si les Palestiniens ont les mêmes droits que les Israéliens à être défendus et à être protégés, à défaut de pouvoir le faire eux-mêmes, faute de disposer d'un Etat?