Un fléau social qui a fait l'objet d'un film, Le Piège, doublé d'un livre dont les photos sont signées Kays Djillali, et préfacé par Yasmina Khadra... «Migrations: autres regards» est le thème d'une rencontre ayant eu lieu, lundi dernier, au Centre culturel français d'Alger. Outre la table ronde animée par des spécialistes sur la question des immigrés subsahariens en Algérie et au Maghreb, de façon générale, il a été question aussi de la projection d'un film documentaire de 42 minutes, intitulé Le Piège. Coréalisée par Kays Djillali et Djamel Benramdan, cette oeuvre est d'abord un travail de commande faite par une ONG italienne, le Cisp (Comité international pour le développement des peuples), dont un des buts est de «renforcer l'information et la sensibilisation de l'opinion publique maghrébine sur les difficultés de la migration subsaharienne, afin de lutter contre le racisme». «L'objectif du film est de sensibiliser la population maghrébine sur la situation, pas très saine, des immigrés subsahariens qui se trouvent en Algérie ou au Maroc», nous dira M.Kays Djillali, dont des photos de harragas subsahariens décorent actuellement les cimaises du CCF dans le cadre d'une exposition. Ce film, qui s'est beaucoup basé sur les recherches du Cisp, dévoile les difficultés que rencontrent ces immigrés africains une fois entrés en Algérie, notamment la raison du départ, leur désillusion aussi une fois partis et face aux mille embûches qui les empêchent de retourner au pays. On les appellera, dans ce cas, des «sans-papiers», des «sans-abri» ou encore «SDF», des immigrés clandestins...«J'ai décidé de sortir du pays pour chercher l'aide dans les pays voisins, gagner ma vie en faisant mon métier...Je fabrique des chaussures traditionnelles, mais personne ne m'a soutenu au pays», déclare Koné, un Ivoirien. Aussi, ces belles images en noir et blanc sont également à découvrir dans un beau livre, édité par Barzakh. Intitulé La Nuit sur la figure, on y trouve des portraits attendrissants de ces migrants, photos signées Kays Djillali, et préfacé par la plume de l'écrivain Yasmina Khadra qui souligne: «Ils veulent toucher de leur doigt la lumière au bout de leur tunnel, quitte à flamber comme une torche, quitte à se retrouver en enfer. Qui ne tente rien, n'a rien...Et eux n'ont jamais rien eu. Qu'ont-ils donc à perdre?». Ce livre raconte aussi, en textes poignants et en photos, les témoignages de la détresse de ces gens qui ont tenté l'expérience, ont brûlé leurs ailes à force d'acharnement et de lutte pour une vie meilleure...Le film Le Piège dévoilera aussi des vérités pas toujours bonnes à dire à l'instar de: «Ici, les Algériens traitent les Noirs comme les Européens traitent les Arabes, là-bas...». Aussi, pour une large accessibilité de ce film au public, il est question, nous apprend-on, de le sous-titrer prochainement en langue arabe et de le transformer en 52 minutes. Notons que sur les 80 témoignages réalisés, nous ne pouvons en écouter qu'une vingtaine pour une meilleure fluidité du film. Un document qui a amplement le mérite d'exister et se doit d'être encore diffusé.