Après son flope de téléfilm, "Babor Dzair" à propos duquel un réalisateur algérien a dit qu'avec "une caméra de surveillance on aurait fait beaucoup mieux", Allouache revient sur un sujet certes très actuel mais encore timidement abordé : Les Harraga. Le cinéaste qui vit en France depuis plus d'une décennie et qui s'est fait remarquer au tout début de sa carrière par son , " Omar Guatlato" un film culte qui cassait alors avec le cinéma révolutionnaire d'après guerre, va t-il creuser dans les profondeurs du phénomène Harraga ou alors se contentera-t-il de narrer simplement un fait dramatique proche du suicide collectif ? "Notre histoire raconte l'odyssée d'un groupe de jeunes Algériens qui traversent clandestinement la Méditerranée", précise le site officiel du film. C'est tout. Le film qui en est à sa première phase de tournage qui se déroule à Mostaganem dans l'ouest algérien avant d'atterrir a Sète et Frontignan afin d'entamer la deuxième partie du tournage dans le Languedoc-Roussillon, est produit par Libris film, une jeune boite française soutenue par l'organisme Meda. Il faut dire que sur le plan littéraire aussi bien que sur le plan cinématographique très peu d'œuvres ont abordé ce sujet relativement ancien mais d'une grande ampleur. L'an dernier, le Centre culturel français d'Alger a proposé un documentaire de 42 minutes, intitulé "Le Piège ". Coréalisé par Kays Djillali et Djamel Benramdan, cette oeuvre est un travail de commande fait par une ONG italienne, le Cisp (Comité international pour le développement des peuples). " La nuit sur la figure " compte également parmi les œuvres qui abordent ce sujet là, à travers des portraits de migrants. Réalisé par le photographe algérien Djilali Kays et préfacé par Yasmina Khadra, ce livre rassemble un tas de témoignages des immigrants africains afin de connaître et sonder ce rêve qui les enflamme et qu'ils paient de leur vie. "Harraga " de Merzak Allouache est également à mettre aux côtés d'un autre film, " Welcome Europa" qui sort en mars prochain. Présentation "Welcome Europa " de Bruno Ulmer suit le parcours chaotique de huit jeunes Kurdes, marocains et roumains qui tentent de gagner Paris, Amsterdam ou Madrid. Seuls, sans visa, ils mènent un combat quotidien pour survivre. Le coup de pouce du destin se résume à une douche et un repas chaud. La pauvreté ou la répression politique les ont poussés à s'exiler pour faire vivre leurs familles restées au pays. Mais le rêve d'un eldorado européen se dissipe dès qu'ils s'en rapprochent... Avec ce prochain film, Merzak Allouache habitué à poser ses caméras dans son quartier fétiche de Bab El Oued, l'ancien centre d'Alger, -Bab El Oued City, Bab el web etc-, il explore un autre territoire complètement nouveau comme il a eu à le faire à travers un autre flop, "L'Autre monde". Un long- métrage sorti début 2000 et tourné dans le Sud Algérien dans la perspective de raconter une page du terrorisme. Le film réunira des comédiens reconnus en Algérie, encore inconnus de l'autre côté de la Méditerranée. En Algérie comme dans certaines régions de l'Afrique, l'Europe est perçue comme une véritable délivrance, un paradis sur terre où tous les rêves sont permis.Les jeunes qui n'ont généralement aucune perspective dans leur pays d'origine, tentent de rejoindre les côtés européennes sur un morceau de bois qu'ils payent très cher sans garantie aucune d'arriver sains et saufs de l'autre côté de la méditerranée quand ils ne sont pas pourchassés, emprisonnés humiliés par les grades frontières.Partir ailleurs en se brûlant les ailes, l'identité, la vie ….devient pour ces jeunes une sorte d'alternative pour échapper à un quotidien muet et sans espoir.Né le 6 octobre 1944 à Alger, Merzak Allouache a eu à signer de nombreux documents dont, " Chouchou " le one man Show repris avec Gad El Maleh. Après avoir été simple postier à Alger, le cinéaste fait ses débuts en 1964 dans la section réalisation de l'Institut national du cinéma d'Alger, où il réalise " Croisement ", son film-diplôme. Après " Le Voleur ", son premier court métrage, il complète sa formation par des stages à l'Idhec en 1967 et à l'Ortf en 1968. Il travaille également comme assistant sur quelques films. Merzak Allouache réalise des documentaires, des émissions humoristiques pour la Télévision algérienne et plusieurs longs- métrages de fiction. Yasmine Ben