L'idéologie est une question importante à prendre en considération dans la lutte antiterroriste. Le mouvement djihadiste mondial souffre de faiblesses qui pourraient le conduire à sa fin. C'est ce qu'avance un spécialiste américain des questions terroristes dans son dernier livre publié récemment. Daniel Byman l'auteur de «La Cinq front War» a fait un diagnostic dans lequel il a signalé «les faiblesses» de cette organisation terroriste internationale. Il s'agit du «fractionnement» de la nébuleuse de Ben Laden et de son attitude «négative» à l'égard de l'action politique prônée par d'autres mouvements islamistes dont le plus en vue est celui des Frères musulmans. Outre ces deux «tares», Al Qaîda présente, selon ce même auteur, trois autres signes d'asthénie. Il cite la «différenciation» de ce mouvement djihadiste violent de l'ensemble, plus large, du courant salafiste «non violent et apolitique». Il est question, aussi, de la «division» d'Al Qaîda en fonction des «frontières nationales» des pays où elle est implantée. Le 5e point faible de l'organisation de Ben Laden, et de tout le mouvement djihadiste, est lié directement, à la question de takfir (considérer comme apostats les musulmans refusant d'adhérer à leurs thèses extrémistes). Byman soulignera, à cet effet, que le takfir est en totale opposition avec les principes de l'unité de l'Islam et des musulmans. Il convient de noter, à ce sujet, que le takfir, à côté du leadership, est à l'origine des guerres fratricides ayant décimé certains groupes terroristes. A titre indicatif, l'adoption de ce dogme a joué en défaveur du GIA qui s'est retrouvé isolé avant de disparaître totalement. L'auteur de «La Cinq front war» suggérera six approches pour en finir avec cette menace terroriste. Ces approches faisant office de plans de guerre ont été conçues en vertu des défauts entachant la cuirasse du mouvement djihadiste mondial. La lutte contre Al Qaîda et du mouvement djihadiste doit marier renseignement, force militaire, diplomatie, sécurité interne et, enfin, «idées et réformes politiques», soutient Byman. Il a été expliqué, dans ce sens, que «l'idéologie est une question importante à prendre en considération lors de l'analyse d'Al Qaîda» et de la lutte antiterroriste. L'expert américain a focalisé sur la nécessité de contrarier les efforts d'Al Qaîda visant à «promulguer une interprétation de l'Islam qui encourage les musulmans, notamment les jeunes, à souscrire à ses croyances». Ce procédé, rappelons-le, est appliqué dans plusieurs pays musulmans, confrontés au phénomène du terrorisme islamiste. Des grands ulémas en Arabie Saoudite, en Egypte et en Algérie ont adhéré à cette démarche en lançant des fetwas condamnant les actes criminels de ces organisations qui se proclament de l'Islam. Laquelle démarche s'inscrit dans la lutte en amont contre le terrorisme et ce, en asséchant les marécages alimentant ce phénomène. Daniel Byman a situé, par ailleurs, les facteurs ayant favorisé le développement du mouvement djihadiste. Al Qaîda a été critiquée par la majorité des organisations islamistes dont les éléments ont fait l'objet d'arrestations, dans les pays occidentaux, après les attentats du 11 septembre. Selon Byman, la guerre contre l'Irak a été salutaire pour la nébuleuse de Ben Laden qui a relancé le recrutement pour son «industrie djihadiste».