Déterminés, les conducteurs de train de la Sntf qui sont au 5e jour de leur mouvement de protestation veulent faire de cette grève «un événement national.» Ils ne comptent pas baisser les bras en dépit de la décision du juge du tribunal d'Alger ayant ordonné, dans l'après-midi de lundi, la reprise immédiate d'activité. Car, ils jugent abusive la plainte déposée à leur encontre. Se sentant lésés, les conducteurs brandissent une menace de recourir à d'autres «solutions» que celle de la grève illimitée. Qu'envisagent-ils? A cette question qui taraude les esprits, M.Boulemia Haroun, conducteur et représentant du collectif des protestataires, n'a pas été par trente-six chemins pour préciser que «si nos revendications élémentaires ne sont pas satisfaites dans les jours à venir, nous entamerons une autre grève, celle de la faim.» Pis encore, les initiateurs de cette grève ayant engendré une paralysie totale du transport ferroviaire et urbain, comptent déposer une démission collective auprès de la direction générale de la Sntf. Serait-ce les deux uniques options qui puissent mettre fin à ce bras de fer qui risque de perdurer? Surtout après l'intégration du personnel d'exploitation (contrôleurs, chefs de train...) à ce mouvement? Ils le croient dur comme fer. Vont-ils courir le risque de se retrouver au chômage? «S'il le faut oui!» répondent-ils. Dans le même contexte, il convient de préciser qu'une lettre rédigée par les 150 protestataires, de l'Algérois, sera adressée, si les négociations avec la Fédération des cheminots s'avèrent lettre morte, au premier magistrat du pays, M.Abdelaziz Bouteflika aux fins d'apporter des solutions appropriées. Une autre question s'impose: Pourquoi ceux qui revendiquent l'augmentation de la prime de panier, de la révision des primes de rendement, qui aujourd'hui se limitent à la prime de rendement kilométrique (PRK), et...celle du risque, n'ont pas déposé un préavis de grève? M.Boulemia estime que cette grève n'est aucunement illégale. Simplement, a-t-il précisé, il s'agit d'une pétition signée, puis distribuée, par les travailleurs de la Sntf exerçant dans la wilaya d'Alger qui a eu un écho «Il ne faut pas que cette affaire soit politisée» a-t-il ajouté. Expliquant le risque quotidien que les conducteurs encourent dans leur trajet, M.Boulemia a précisé que 24 bombes ont été déposées sur les voies ferrées, et ce sans compter les dégâts matériels, durant l'année précédente. Par ailleurs, 11 mécaniciens ont péri durant la tragédie nationale dans l'exercice de leurs fonctions. Un argument révélateur quant à cette demande d'augmentation. Interrogé sur la réaction «étrange» de l'avocat de la défense ayant quitté le tribunal quelques instants avant le verdict, le représentant de la section syndicale des cheminots a affirmé ne rien savoir à ce sujet. Seulement, il dira que le même avocat «nous a remis notre argent, estimant qu'il ne peut absolument rien faire pour les deux mis en cause.» Par ailleurs, M.Boulemia a lancé un appel aux passagers, aux fins de prendre leurs précautions. Le pire a été évité au niveau de la gare Roumana entre Aïn Defla et El Tarf. Pris entre le marteau et l'enclume, c'est le citoyen, voire le voyageur, qui subit les conséquences.