Le train ne sifflera pas. Les travailleurs de la Sntf menacent, encore une fois, de paralyser le transport ferroviaire. «Un arrêt de travail illimité sera observé à compter du 1er mars au niveau des quatre régions nationales, les gares centrales», a déclaré un délégué des travailleurs. Lassés des «échecs», ils sont déterminés à faire valoir leurs doléances. «Rien ne peut nous arrêter, ni l'administration ni la direction générale, encore moins la justice», a expliqué notre interlocuteur. La tutelle cédera-t-elle cette fois-ci face au forcing des travailleurs? «Elle n'aura pas le choix. Tout sera bloqué jusqu'à ce que nos revendications soient entièrement prises en charge. Aucun train ne quittera la gare et aucun service ne sera fonctionnel», a expliqué le délégué. La non-satisfaction des revendications des travailleurs est-elle due à des atermoiements des pouvoirs publics? Le délai fixé par le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, dans son intervention pour mettre fin au bras de fer ayant opposé les cheminots à la direction générale, est arrivé à terme hier. «Il a failli à ses engagements», poursuit notre interlocuteur. Trois mois, jour pour jour, se sont déjà écoulés sans que les solutions promises ne soient concrétisées. Toutes les revendications des conducteurs de train ainsi que celles des autres services concernés par le dernier débrayage du mois de novembre dernier sont restées lettre morte. Irrité, notre interlocuteur, préférant garder l'anonymat, n'a pas mâché ses mots pour dénoncer ces atteintes aux libertés des fonctionnaires. «Rien n'est fait. Depuis trois mois, on s'est contenté de l'installation d'une commission locale paritaire (CLP). Cette dernière procède à des réunions bihebdomadaires qui ne servent à rien, si ce n'est à gagner du temps et faire oublier aux grévistes leurs maux quotidiens», a-t-il clamé. Les primes ne sont pas revues à la hausse. La gent féminine continue à exercer dans un climat d'insécurité sans précédent. Les jours défilent et ne se ressemblent pas pour les travailleurs. Des grèves, des promesses non tenues, reprise du travail pour en finir avec de nouveaux débrayages. On échappe à la poêle pour tomber dans le feu...C'est ainsi que se résume le sort de centaines de cheminots ne sachant plus à quel saint se vouer. Mécontents du verdict de la cour de Sidi M'hamed, les grévistes estiment que leur affaire a été traitée à la hâte en raison de «pressions qui auraient été exercées sur une partie». Dans ce contexte, il convient de rappeler que le bâtonnier Abdelmadjid Silini, assurant alors la défense des travailleurs poursuivis en justice, a quitté le tribunal quelques instants avant le verdict. Pourquoi ce départ inopiné? Une interrogation qui demeure sans réponse. Devant ces promesses «mensongères», selon le délégué, la section gréviste semble bien retenir la leçon. Les travailleurs veulent que la suite de leur combat soit déterminante. Ils ne veulent, en aucun cas, «être des objets entre les mains du président-directeur général de la Sntf qui brille par son éternel mutisme», enchaîne notre source. Sur les raisons qui ont poussé les grévistes, au mois de novembre, à cesser le débrayage pour reprendre leur travail après onze jours de non-activité, le représentant des cheminots enfonce le clou et accuse la section syndicale de complicité avec la direction générale. «Sans cette intervention, la reprise du travail n'aurait jamais eu lieu et les problèmes auraient été réglés», a-t-il insisté. Ainsi, on comprend la tournure que peut prendre le bras de fer opposant les cheminots à leur direction. En pointant du doigt le rôle joué par la section syndicale, on assistera, désormais, à une véritable manoeuvre machiavélique à laquelle se livrent les trois parties.