Les conducteurs et les mécaniciens de trains ont observé hier une journée de protestation. Un mouvement de débrayage national qui a paralysé l'ensemble du trafic ferroviaire. Même si la reprise de l'activité devait avoir lieu aujourd'hui, la tension demeure palpable dans les gares, et le bras de fer qui oppose les cheminots à la direction générale de la SNTF risque de perdurer encore dans les jours à venir. En tout cas, il est fort probable que les journées de protestation se multiplient au cours de cet été. Et pour cause, la Fédération nationale des cheminots (FNC) semble déterminée à faire aboutir son combat et arracher la satisfaction de ses revendications. Celles-ci portent essentiellement sur l'augmentation du salaire de 53%. Une exigence jugée «irréaliste» par la direction générale. «L'entreprise est gravement déficitaire. Ses dettes se chiffrent à des milliards. Dans ce contexte, une telle revendication est vraiment déplacée», estime un cadre qui n'hésite pas à parler d'une tentative de déstabilisation de la SNTF, laquelle fait des pieds et des mains pour mettre en œuvre son plan de redressement. De son côté, le responsable des ressources humaines de la SNTF, M. Dakhli, avoue ne pas comprendre les motivations de ce mouvement. «Nous avons beaucoup avancé dans notre travail portant sur l'amélioration des conditions de travail. Plus de 1 500 agents ont été régularisés et 500 autres ont été promus», confie-t-il. Cependant, trois mois après le dernier mouvement de protestation, les conducteurs et les mécaniciens de train estiment ces avancées «insuffisantes». A ce titre, ils ont décidé de manifester leur désaccord et de revendiquer l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle et sécuritaire, l'augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements. Ces doléances devaient être prises en charge par le département de Amar Tou, ministre des Transports, dans un délai de deux mois. Or, jusqu'à aujourd'hui, rien n'a été fait. Ceci dit, la première victime de ce grand cafouillage qui sème la zizanie à l'intérieur de la SNTF est le simple citoyen, usager du train. Celui-là n'a en aucun cas été informé de cette journée de protestation. Et, pourtant, dans toute entreprise qui se respecte, on affiche tout ordre de grève et on informe les usagers des désagréments qu'on s'apprête à leur causer. Ces mêmes usagers ont manifesté leur colère dans plusieurs gares ferroviaires. Et, pourtant, ils n'exigent qu'une seule chose : le respect. Jusqu'à quand la SNTF va continuer à mépriser ses clients ? A. S.