L'initiative présidentielle vise particulièrement à faire cesser la contestation dans la région A l'occasion du troisième anniversaire de son élection à la tête de la République, le chef de l'Etat pourrait prononcer un discours à la nation où il sera question, dit-on, de la mise en place de nouvelles mesures visant à apaiser la tension en Kabylie et à créer un climat propice à l'organisation des législatives du 30 mai. Ces mesures concerneront essentiellement les détenus des ârchs radicaux qui seront vraisemblablement élargis. L'initiative présidentielle vise particulièrement à faire cesser la contestation dans la région et, partant, à donner l'occasion à certains partis politiques et à des candidats indépendants de participer aux élections législatives dans la région. Cette nouvelle «offre de paix» intervient alors que des indiscrétions font état de contacts entrepris, le week-end dernier, avec certains responsables des ârchs pour, éventuellement, préparer la population à la nouvelle donne politique dans la région et surtout faire baisser la tension. A en croire certaines sources, le Président cherche à optimiser la scène politique, piégée par «la crise kabyle». En d'autres termes, Bouteflika ne veut pas risquer de lancer le pays sur un processus politique sans avoir eu un maximum de garanties susceptibles de créer un climat serein pour les élections dans la région. Il semble que l'option du report ait été écartée en haut lieu, ce qui explique la batterie de mesures d'apaisement, dont la relaxe des détenus. Une démarche qui pourrait convaincre les partisans du report à revoir leurs copies. La très probable libération des jeunes manifestants et délégués fait suite à nombre d'initiatives que les observateurs politiques estiment importantes. Bouteflika a fait montre de beaucoup de bonne volonté, si bien que faire marche arrière devient problématique, estiment les mêmes observateurs. Ainsi, après avoir accepté de rencontrer les dialoguistes des ârchs et de se concerter avec les partis politiques, et surtout après avoir tenu sa parole en constitutionnalisant tamazight, le Président semble disposé à faire de nouvelles concessions, à condition que celles-ci contribuent à résorber la crise en Kabylie et permettent le bon déroulement des élections du 30 mai. Il est clair que cette volonté du Président de la République de régler la crise est court-circuitée par certains responsables politiques qui servent les intérêts obscurs de certains adversaires de la cause. Quoi qu'il en soit, le premier secrétaire du FFS, M.Ahmed Djeddaï, avait déclaré que le départ de Bouteflika ne réglerait pas la crise et qu'il fallait plutôt aller vers une période de transition. Une proposition qui n'a pas trouvé écho dans la classe politique qui préfère attendre le discours du Président pour s'avancer sur les élections et définir sa politique sur la question. C'est le cas du MSP qui utilise la crise au Proche-Orient pour faire oublier à ses militants sa participation aux prochaines législatives. Le parti de Nahnah a préféré la prudence à la précipitation et calcule son entrée dans la course aux législatives par rapport aux derniers développements de la scène politique. Le Président va probablement convoquer le corps électoral avant le 15 avril et éliminer ainsi toutes les rumeurs sur le report ou l'annulation des élections. En tout état de cause, malgré les différentes tentatives de déstabilisation politique ou de création d'une nouvelle protesta populaire, les mesures entreprises par Bouteflika resteront, aux yeux du peuple et des citoyens de Kabylie, les plus crédibles et les plus urgentes jamais réalisées dans l'Histoire du pays.