Dans son traditionnel discours prononcé à l'occasion du 5 Juillet, le chef de l'Etat a précisé que cette consultation interviendra “bientôt” sans toutefois avancer de date. Dans un discours prononcé à l'occasion du 5 juillet, le chef de l'Etat a déclaré, après avoir expliqué son projet, que “c'est à cela que tend l'initiative de réconciliation nationale, dont vous aurez à approuver les contours et les modalités à travers le référendum auquel vous serez bientôt appelés”. C'est devant les officiers de l'armée au ministère de la Défense nationale et à l'occasion du quarante-troisième anniversaire de recouvrement de l'Indépendance que Bouteflika a développé davantage sa pensée sur cette importante question. La charge est doublement symbolique. Le chef de l'Etat a choisi de s'adresser devant les membres de l'institution qui a constitué la colonne vertébrale de la lutte contre le terrorisme. Par petites phrases, dans un langage tantôt dur et tantôt ferme, Bouteflika a expliqué hier le sens et l'esprit de sa démarche, longtemps triturée, voire mal exprimée pour ne pas dire déformée par certains acteurs de la scène nationale. Dans son discours d'hier, le chef de l'Etat a tracé les grandes lignes de son projet sans pour autant révéler tous ses contours et sans jamais évoquer l'amnistie générale, entretenant ainsi le suspense jusqu'au lendemain du référendum pour rendre publics, si la démarche est bien sûr approuvée par le peuple, les mécanismes d'application et de mise en œuvre de la réconciliation. Il livre à cette occasion la définition de la réconciliation qu'il propose aux Algériens en déclarant : “La solution qui s'impose réside dans une réconciliation nationale, dans laquelle les Algériens doivent pardonner sans oublier, acceptant ainsi un autre sacrifice sur l'autel de leur patrie, qui a suffisamment saigné pour son indépendance, et depuis son indépendance. C'est à partir de ces considérations que j'ai lancé l'initiative d'une politique de réconciliation nationale, dans le but de mettre fin définitivement à la violence et de permettre à notre société de dépasser ses antagonismes et de réparer ses déchirures.” Plus explicite encore dans un autre passage de son discours, le président de la République esquisse même les conditions de la réussite de cette démarche en soulignant : “Le sacrifice ainsi demandé à toutes celles et à tous ceux qui ont eu à souffrir des méfaits du terrorisme est énorme ; et qui pourrait y rester insensible ? Il va de soi que cette politique de réconciliation nationale doit s'accompagner d'un exercice lucide et courageux d'une justice forte et consciente de sa mission au service de la société. Une telle opération ne peut évidement être engagée que dans un climat redevenu serein, permettant à la raison de triompher de tout ressentiment et de tout esprit de revanche.” Les clarifications apportées hier par le chef de l'Etat sont venues corroborer certains détails donnés par l'ancien président de la République, Ahmed Ben Bella, sur la chaîne Al Jazeera et les propos du secrétaire général du FLN, ministre d'Etat et représentant personnel du chef de l'Etat sur cette question. En attendant la convocation officielle du corps électoral pour probablement le 15 septembre prochain, le débat s'emballera sur ce sujet sensible entre les partisans et les adversaires du projet présidentiel. M. A. O.