En dehors de ce secteur, beaucoup de travailleurs n'étaient pas informés de ce mouvement. Timide, la grève, proclamée par l'Intersyndicale autonome de la Fonction publique, n'a pas eu l'écho favorable escompté. Annoncée comme un mouvement grandiose, la grève a été un non-événement. Ni paralysie, ni blocage, le mot d'ordre est passé inaperçu. A l'exception du secteur de l'éducation, les autres ont fonctionné le plus normalement du monde. Le secteur de la santé n'a pas été du tout touché. Hier, à l'hôpital Mustapha Bacha, l'ambiance était ordinaire. Médecins, infirmiers, agents...,tous étaient en service. Que ce soit au niveau des urgences ou dans les autres services, le personnel était à pied d'oeuvre. «Nous ne sommes même pas au courant de cette grève», s'exclame une infirmière, croisée à l'entrée du Centre Pierre et Marie Curie. Et de renchérir: «D'habitude, quand il y a un mouvement de protestation, on assure uniquement le service minimum. Ici, tout le monde travaille, voyez peut-être au niveau des autres services.» Au niveau du service des urgences, rien ne donne signe d'un malaise. Le service grouillait de malades et de personnel médical. «Je ne suis pas au courant de cette grève. Comme vous le constatez, tout le personnel est là depuis tôt le matin», nous dit un infirmier, rencontré à la réception. Pour confirmer, il fait appel à son collègue. Ce dernier n'est pas mieux informé. «Effectivement, j'ai entendu parler d'un mouvement de grève mais je ne sais pas pour quand?», articule Farid d'un air très serein. «En principe, lorsqu'il y a une grève, explique-t-il, le syndicat nous informe pour assurer un service minimum, mais pour aujourd'hui, nous n'avons rien reçu». L'idée d'observer un débrayage le tente beaucoup. «Franchement, avec le salaire minable que l'on perçoit on doit faire une grève de trois mois et non pas de trois jours», rétorque-t-il avec dépit. Père de six enfants, cet infirmier touche un salaire de 18.000DA. «Est-ce raisonnable de ne pas avoir un salaire décent après 25 ans de service?», se demande notre interlocuteur. Pour lui, l'augmentation annoncée par le gouvernement ne changera rien. «Ce ne sont que des miettes devant la flambée vertigineuse des prix des produits de consommation», précise-t-il. Jusqu'à midi, aucun bruit n'a été entendu. Le mot grève était complètement absent de l'actualité. «Nous n'avons rien appris sur cette grève. Aucune note n'a été affichée pour nous prévenir», expliquent Samia et Mounir, du corps paramédical. «Quand on observe une grève, on se regroupe tous à la place de l'Horloge de l'hôpital pour crier haut nos revendications, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui», affirme notre interlocutrice. Ailleurs, à la polyclinique de Kouba, le personnel était de service. «On ne nous a pas avertis de ce mouvement», indique le chef de service. L'enseignement supérieur non plus n'a pas rejoint le mouvement de débrayage. A la faculté d'Alger, les cours ont eu lieu normalement. Sur place, point de grève. «Personnellement, je n'ai rien entendu sur cette grève», avoue un prof de langue arabe. Un autre enseignant fait le même constat. «J'ai appris la nouvelle dans la presse, mais à notre niveau aucune note ne nous a été adressée», témoigne-t-il. L'Ecole de commerce ne fait pas exception. «Quoi une grève, ça serait super!», réplique Lamia, étudiante en deuxième année de commerce international. «J'aimerais bien avoir le temps pour réviser mes leçons mais, dommage, ce n'est qu'une rumeur», dit-elle avec regret. Les lycéens étaient par contre très embarrassés par la grève. «Nous sommes les seules victimes de ce mouvement», martèle Sonia, qui se prépare pour l'examen du Bac. Le mouvement a été timidement suivi dans la matinée. Ce n'est qu'en début d'après-midi que les établissements ont commencé à fermer leurs portes. Hésitants, les enseignants ont fini par répondre en force à l'appel du syndicat. Ces derniers voulaient faire entendre leur message aux autorités concernées. L'augmentation des salaires et les statuts particuliers sont les principales revendications du mouvement.